La misère en ce jardin

Le mal-logement à Rome, à travers l’exemple d’une famille.

Jean-Claude Renard  • 28 février 2013 abonné·es

Le travail d’Alessandro Imbriaco se présente d’abord sur fond vert. Sur une végétation luxuriante paisible. Un bras marécageux roupille tranquillement sous le feuillage dru. Au loin se profilent des immeubles, des éclairages. L’objectif du photographe (né en 1980, à Salerno) se rapproche alors, s’avance dans la broussaille. Distingue une silhouette. Cadre des bras chargés de bois. Tel Adam, un homme se baque dans la rivière. Le romantisme innocent s’arrête là. Brusquement.

Devant une cabane, le bric et broc de sans-abri. Avec sa pile de détritus, d’ustensiles, son fatras de meubles récupérés, ses frêles aménagements. La famille de Piero, d’origine sicilienne, vit dans cette encolure de Rome, à l’ombre d’un viaduc, aux pieds d’une rocade. Près d’une zone oubliée par la spéculation immobilière. Installés dans ce « jardin », Piero et Lupa, sa femme, émigrée de Russie, ont une gamine de 6 ans. La môme y est née.

Imbriaco n’élève pas la voix, n’assène pas d’image choc. Il restitue une atmosphère, avec ses tensions, la luminosité sombre des visages, une existence d’« invisibles » dans leur dignité. C’est un exemple, au cœur d’un travail photographique consacré à la construction improvisée, un exemple parmi d’autres de la multiplication des implantations sauvages dans la capitale italienne. Livré ici dans sa dimension humaine.

Culture
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