La modernité juive en question

Pour Enzo Traverso, l’ancien « peuple paria » a basculé du côté de la domination conservatrice.

Olivier Doubre  • 7 février 2013 abonné·es

En 1944, en exil aux États-Unis, la philosophe d’origine juive allemande Hannah Arendt « redécouvre » – par opposition aux juifs dits « assimilés » – un autre pendant de la « modernité juive », celui de la « tradition cachée » du judaïsme « paria ». L’historien Enzo Traverso [^2] résume ainsi son trait commun : « Exclu de toute forme de citoyenneté, il redécouvre l’humanité comme catégorie universelle, transcendant les lois et les frontières politiques. […] Par conséquent, les parias sont, depuis toujours, ennemis du pouvoir, anticonformistes, rebelles, créateurs, incarnation de l’esprit critique. » Des traits que l’on peut retrouver chez Arendt elle-même, mais aussi de Spinoza à Walter Benjamin, chez ces juifs émancipés mais toujours parias, dont la « judéité s’est affranchie du judaïsme », jusqu’à incarner un « “juif sans dieu” ou juif laïque, selon la définition que Freud donnait de lui-même ».

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Idées
Temps de lecture : 5 minutes