Budget : L’austérité comme jamais

Alors que l’économie s’enfonce dans la crise, Jean-Marc Ayrault impose de nouvelles coupes pour répondre aux critères de Bruxelles.

Thierry Brun  • 14 mars 2013 abonné·es

Le Premier ministre maintient un cap à haut risque pour l’économie française. Jean-Marc Ayrault a réaffirmé dans sa lettre de cadrage budgétaire pour 2014 que sa « stratégie » est « d’assurer le retour à l’équilibre des comptes publics en 2017 ». Autrement dit, il s’agit de maintenir l’objectif de « zéro déficit » en 2017, pour rassurer Bruxelles et les marchés financiers. Mauvaise nouvelle pour les ministères qui devront poursuivre la rigueur et faire un effort supplémentaire, non prévu dans le programme pluriannuel 2013-2015 présenté à la Commission européenne.

La croissance n’étant pas au rendez-vous, Matignon inflige 5 milliards d’euros « d’économies » pour 2014. Qui s’ajoutent aux 4,5 milliards d’euros de dotations supprimées d’ici à 2015, destinées aux collectivités territoriales. Jean-Marc Ayrault a indiqué aux ministres qu’il « souhaite qu’un accord puisse être dégagé, avant la fin du mois de mars, sur les grandes lignes d’économies structurelles », et prépare le terrain à des hausses d’impôts en annonçant une « nouvelle procédure de conférences fiscales » qui sera mise en place « cette année ». Les effets récessifs de cette politique de rigueur ont provoqué une augmentation du déficit public : à fin janvier, celui-ci s’est creusé de 300 millions d’euros en un an, s’établissant à 12,8 milliards d’euros, a constaté le ministère du Budget. Ainsi, le déficit public de la France devrait atteindre cette année 3,7 % du PIB, loin de l’objectif des 3 % imposé par Bruxelles.

Les nouvelles économies demandées par Matignon devront réduire ce déficit, financer la moitié des 20 milliards d’euros du pacte de compétitivité destiné aux entreprises ainsi que les quelque 2 milliards du « plan pauvreté ». La rigueur budgétaire imposée à l’État prolonge aussi six ans de révision générale des politiques publiques   (RGPP), rebaptisée modernisation de l’action publique (MAP) en 2012. La spirale de l’austérité budgétaire pèse lourdement sur l’économie française, a pourtant reconnu, l’année dernière, le Fonds monétaire international. Mais l’orthodoxie budgétaire l’a encore emporté au gouvernement.

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