Le Parti de gauche vers l’écosocialisme

Le parti de Jean-Luc Mélenchon doit entériner plusieurs mutations ce week-end à Bordeaux.

Michel Soudais  • 21 mars 2013 abonné·es

La campagne présidentielle est passée par là. La petite formation créée par Jean-Luc Mélenchon, fin 2008, est désormais bien identifiée. Même si beaucoup la confondent encore avec le Front de gauche, prenant en quelque sorte une partie pour le tout. Si quelques-uns de ses fondateurs, en désaccord avec les options retenues, l’ont quittée – le syndicaliste Claude Debons, Jacques Rigaudiat, l’ancien conseiller social de Lionel Jospin, ou plus récemment le député du Nord Marc Dolez –, les effectifs ne s’en ressentent pas. Le Parti de gauche revendique 12 000 adhérents, contre près de 8 000 à son congrès du Mans, en novembre 2010. Du coup, plus de 800 délégués sont attendus le vendredi 22 mars à Bordeaux, pour un congrès qui doit enregistrer quelques changements.

L’un des principaux est identitaire. À l’issue du week-end, le PG devrait se définir comme écosocialiste. Fin 2009, lors d’une convention nationale qui enregistrait officiellement l’arrivée de Martine Billard et de ses amis venus des Verts, le PG avait déjà mêlé au rouge initial de son logo la couleur des écolos, et y avait ajouté le triptyque « écologie, socialisme, république ». Cette fois, il est prévu que le PG fasse sien un « Manifeste écosocialiste » présenté en « 18 thèses ». Ce texte, dont une synthèse est en circulation sur Internet, est le fruit des premières Assises de l’écosocialisme, organisées début décembre à Paris par le PG, en partenariat avec des associations et revues extérieures. Un texte qui veut « ouvrir la voie à un nouveau projet politique ». Enrichi par 133 amendements de fond, émanant de plus d’une trentaine d’auteurs d’horizons divers, ce manifeste a été débattu au sein d’un « comité des assises permanent », auquel participent des personnalités comme Michael Lowy, Paul Ariès ou Susan George. Il reste évolutif puisqu’il est débattu dans des assises décentralisées et sera bientôt traduit dans une dizaine de langues, dont le japonais, l’arabe et toutes les langues du pourtour méditerranéen. « Pour être envoyé à toutes les organisations avec lesquelles nous sommes en relation », précise Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du PG. Nabila Mounib, une militante du PSU marocain, formation membre de l’Alliance de gauche démocratique, est d’ailleurs annoncée à la tribune sur ce sujet.

« Osons ! » est à ce congrès le maître mot du PG, revendiquant au sein du Front de gauche un rôle de « défricheur », et le titre du texte d’orientation qui doit être adopté par les congressistes après débat dans ses 360 comités. Cinq plateformes avaient été présentées initialement lors d’un conseil national en décembre. Quatre d’entre elles avaient fusionné dans un texte unique approuvé par 388 voix, avec 5 abstentions et 8 contre. Dans la ligne de la campagne présidentielle, ce texte ajoute au clivage gauche-droite celui qui oppose le peuple à l’oligarchie, avec pour objectif de le renverser. Il prône également une « mutation organisationnelle » rendue nécessaire par l’afflux de nouveaux adhérents. L’adoption de nouveaux statuts figure ainsi à l’ordre du jour. Les précédents, conçus dans la précipitation pour le congrès de fondation, fin janvier 2009, étaient « provisoires ». Il y a des « provisoires » qui durent.

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