Tunisie : Accélération du calendrier électoral

Le gouvernement à majorité islamiste annonce la tenue d’élections pour octobre.

Denis Sieffert  • 14 mars 2013 abonné·es

Le scepticisme domine parmi les députés d’opposition à propos du calendrier présenté par la majorité islamiste et le Premier ministre Ali Larayedh. Selon l’échéancier fixé par Ennahdha, des élections générales auraient lieu le 27 octobre prochain. Ce qui suppose, selon le parti islamiste au pouvoir, que le débat constitutionnel soit achevé le 27 avril et que la constitution soit adoptée en juillet. Une soudaine accélération à laquelle ne croient pas les partis d’opposition. Le débat sur la loi fondamentale semble en effet dans l’impasse. Plusieurs observateurs relèvent dans les médias, comme le journal en ligne la Presse, « que les passes d’armes entre les constituants du mouvement Ennahdha et ceux de la majorité des autres formations n’en finissent plus. Qu’il s’agisse de la nature du régime politique, des droits de l’homme ou du rôle de la religion et du sacré, les antinomies sont on ne peut plus tranchées ». Sauf à imaginer un passage en force qui aggraverait la crise politique, il est donc peu probable que les échéances annoncées soient tenues.

La majorité gouvernementale a-t-elle voulu mettre la pression sur l’opposition ? Ou bien délivrer un message à l’opinion ? Celle-ci paraît cependant moins préoccupée aujourd’hui par un débat constitutionnel qui s’éternise que par la situation économique et sociale qui s’aggrave. Au cours des dernières semaines, les prix des produits alimentaires de base ont considérablement augmenté, et le pouvoir d’achat est en baisse. Autre signal alarmant, qui n’est évidemment pas sans rapport avec la situation économique, la délinquance est en hausse. Comme un terrible symbole de la situation, un jeune vendeur à la sauvette a tenté de s’immoler par le feu, mardi matin, sur l’avenue Habib-Bourguiba, à Tunis. À Sidi Bouzid, dans le centre du pays, c’est par un geste semblable, qui avait coûté la vie à son auteur, que la révolution tunisienne avait commencé en décembre 2011.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…


Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es


Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.


Par Olivier Doubre
« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño
Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche
Analyse 19 novembre 2025 abonné·es

Face à la Russie, l’Europe de la défense divise la gauche

Devant la menace russe, l’instabilité américaine et la montée des tensions géopolitiques, quelle attitude adopter ? Entre pacifisme historique, tentation souverainiste et réorientation stratégique, le PS, les Écologistes, LFI et le PCF peinent à trouver une ligne commune.
Par Denis Sieffert