Parutions de la semaine

Politis  • 9 mai 2013
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Financer les utopies

Michel Dreyfus, Actes Sud-Imec, 352 p., 27 euros.

« Les dégâts sociaux provoqués par le libéralisme sans complexes et l’essoufflement de l’idéologie socialiste constituent une chance pour l’économie sociale et solidaire », affirme l’historien Michel Dreyfus dans son ouvrage consacré au Crédit coopératif, un des piliers de cette « autre économie ». Car, dans le paysage chaotique du secteur bancaire, la banque coopérative, fondée sur le principe d’une clientèle sociétaire, fait figure d’exception. Face à la financiarisation accrue, comment le Crédit coopératif peut-il rester fidèle à ses principes ? Financer les utopies s’appuie sur plus d’un siècle de son histoire. Au travers de cette banque coopérative, l’auteur décrit un «   projet global de société » alternatif au productivisme, indépendant des choix de l’État.

La Brutalité financière. Grammaire de la crise

Christian Marazzi, traduit de l’italien par Anne Querrien et François Rosso, L’Éclat/Réalités sociales, 160 p., 12 euros.

C’est un livre étonnant proposé par Christian Marazzi. Économiste éminent, enseignant à la prestigieuse Haute École spécialisée de la Suisse italienne, il se fait ici quasiment plus philosophe que spécialiste de sa discipline. Analysant la crise « historique qui nous affecte » aujourd’hui, Marazzi souligne que, si elle est bien entendu économique, cette crise est aussi « humaine » en ce qu’elle s’acharne sur la « vie nue » des travailleurs. Publié en 2009, traduit aujourd’hui et augmenté d’une passionnante « préface, en guise de mise à jour », ce petit livre incisif appelle à mettre en place des stratégies « géomonétaires et géopolitiques » qui ne s’attacheraient qu’à prendre soin des femmes et des hommes, et à respecter leur environnement.

Introduction à Antonio Gramsci

George Hoare et Nathan Sperber, La Découverte, « Repères », 128 p., 10 euros

Les ouvrages consacrés à l’auteur des Cahiers de prison sont innombrables. Pourquoi signaler ce nouvel opus destiné aux étudiants ? Parce que ses deux auteurs anglo-saxons, George Hoare et Nathan Sperber, se sont attachés, de façon novatrice, à montrer toute l’actualité de la pensée de Gramsci, fondateur du Parti communiste italien en 1921, mort dans les prisons de Mussolini en 1937. Son œuvre, issue d’une fulgurance de la raison et de l’intelligence en dépit du manque d’ouvrages de référence dont il a souffert pendant ses onze longues années d’incarcération, a mis notamment l’accent sur le rôle des intellectuels et de la société civile, outre l’importance de la notion centrale de sa philosophie, celle de « l’hégémonie » culturelle. Rénovant ainsi fortement la pensée marxiste, entendue comme « philosophie de la praxis ».

Idées
Temps de lecture : 2 minutes
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