Les forçats déboutés !

Le Conseil constitutionnel valide l’absence de contrat de travail pour les personnes incarcérées, à la merci de l’administration pénitentiaire.

Jean-Claude Renard  • 20 juin 2013 abonné·es

En 2011, près de 40 % des détenus exerçaient un emploi pour un prestataire privé ou pour la prison elle-même. À la suite des plaintes déposées par deux détenus de la maison d’arrêt de Metz, dénonçant l’absence de contrat de travail pour les personnes incarcérées, le Conseil constitutionnel a rendu son verdict : cette absence de contrat n’est pas contraire aux droits et libertés garantis par la Constitution. Les sociétés privées pourront donc toujours compter sur une main-d’œuvre extrêmement bon marché, au sein d’une « zone de non-droit », a souligné l’un des avocats, Me Xavier Iochum, où les rémunérations sont très en dessous du Smic. Si l’obligation d’activité a été introduite dans la loi de 2009 (enseignement, lutte contre l’illettrisme, formation professionnelle), pour un détenu, travailler permet d’obtenir un revenu, au moins pour mieux cantiner. C’est aussi un outil de réinsertion dont l’administration pénitentiaire peut tenir compte dans le cadre d’une remise de peine.

Voilà donc le détenu à la merci de l’administration. Contrôleur général des lieux de privation de libertés, Jean-Marie Delarue a jugé « cruellement décevante » la décision des Sages, et demandé au législateur d’instaurer de nouvelles dispositions comprenant, « sauf exception, l’application des règles générales du travail ». Et de rappeler que nombre de détenus continuent de travailler en cellule à 23 heures ou 7 jours sur 7 au service de la prison.

Société Police / Justice
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »
Témoignage 18 décembre 2025 abonné·es

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »

À l’occasion de la Journée internationale des migrants ce 18 décembre, des collectifs appellent à une grève antiraciste, la « Journée sans nous ». Politis a rencontré Ousmane, sans-papiers guinéen. Il raconte la mécanique d’un système « qui profite des sans-papiers » et les pousse à bout.
Par Pauline Migevant
« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin
Sélection 17 décembre 2025

« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin

Une sélection de la rédaction de Politis, pour compléter la lecture du numéro spécial « Vouloir n’est pas pouvoir. Le mérite extiste-t-il ? », à retrouver sur la boutique en ligne ou sur le site du journal.
Par Politis
Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »
Entretien 17 décembre 2025 abonné·es

Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »

Dans un entretien croisé, Kaoutar Harchi, autrice et sociologue, et Dylan Ayissi, président de l’association Une voie pour tous, remettent en question la notion de mérite dans un système scolaire traversé par de profondes inégalités.
Par Kamélia Ouaïssa et Hugo Boursier
Féris Barkat : former et transformer
Portrait 17 décembre 2025 abonné·es

Féris Barkat : former et transformer

Entre plateaux de télévision, activisme et son nouveau poste d’enseignant, Féris Barkat transforme la visibilité en responsabilité. À seulement 23 ans, le jeune Strasbourgeois, fraîchement arrivé à Paris, veut créer du changement, collectivement.
Par Kamélia Ouaïssa