Comptes de campagne de Sarkozy : un tournant dans la moralisation de la politique

Michel Soudais  • 4 juillet 2013 abonné·es
Comptes de campagne de Sarkozy : un tournant dans la moralisation de la politique
© Photo : M. Soudais / Une : AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Le Conseil constitutionnel a rejeté cet après-midi le recours de Nicolas Sarkozy contre le rejet de son compte de campagne par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Cette dernière, après un examen complet des dépenses et recettes du compte de campagne de l’ex-président, et après avoir réintégré un certain nombre de dépenses qui n’y figuraient pas, avait conclu à un dépassement du plafond de dépenses autorisé (22.509.000 euros pour les candidats figurant au 2nd tour), ce qui ne pouvait la conduire qu’à conclure au rejet de ce compte.

Le Conseil constitutionnel , dans sa décision motivée, explique avoir refait tous les calculs, entendu les différents protagonistes, et examiné des mémoires contradictoires pour aboutir à la conclusion que
la réunion publique organisée à Toulon le 1er décembre 2011, avait été financéee irrégulièrement par l’Etat, pour un montant de 155.715 euros, en infraction avec le code électoral.
le montant des dépenses électorales de M. Sarkozy excède de 466.118 euros, soit 2,1 %, le plafond autorisé. 

Le rejet de son compte de campagne prive Nicolas Sarkozy du remboursement forfaitaire escompté (10.691.775 euros ).
Il doit également restituer au Trésor public l’avance forfaitaire qui lui a été versée, comme à tous les candidats, soit 153.000 euros.
Et verser en outre à ce dernier 363.615 euros qui correspondent au dépassement du plafond des dépenses de campagne.
Cette décision plonge l’UMP, qui avait déjà perdu un tiers de son financement public, dans une crise financière aiguë. Elle s’était en effet porté caution.

Pour la première fois, le Conseil constitutionnel a osé juger en droit le compte de campagne d’un « grand » candidat , qui se trouve en plus être un de ses membres de droit. Dans le passé, le Conseil constitutionnel avait rejeté les comptes de Jacques Cheminade (1995) et Bruno Mégret (2002), mais il avait accepté ceux d’Edouard Balladur (1995) malgré des irrégularités notoires. En cela, cette décision marque un vrai tournant dans la moralisation de la vie politique.

Meetin de Villepinte, le 11 mars 2012 - ERIC FEFERBERG / AFP

Politique
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »
La Midinale 17 octobre 2025

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »

Après le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement Lecornu jeudi 17 octobre, Raquel Garrido, ancienne députée et cofondatrice de L’Après, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes
Analyse 16 octobre 2025 abonné·es

À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes

Le premier ministre échappe aux censures. Chez les socialistes, la fronde n’a pas vraiment eu lieu. Et la gauche se retrouve écartelée entre deux pôles. 
Par Lucas Sarafian et June Geffroy
« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »
Politique 15 octobre 2025

« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »

Après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu et l’annonce de la non-censure par le PS, Rémi Lefebvre, politologue, professeur à l’université de Lille et à Sciences Po Lille, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires
Économie 15 octobre 2025 abonné·es

Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires

Lors de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a affirmé avoir entendu le désir, au sein de la population, d’une meilleure justice fiscale reconnaissant même une « anomalie » au sein de la fiscalité des plus fortunés. Sa réponse : une taxe sur les holdings qui ne répondra absolument pas au problème.
Par William Jean et Pierre Jequier-Zalc