Urgence pour les prisons

Tandis que les mutineries se multiplient dans les lieux de détention, Manuel Valls s’oppose à la réforme pénale de Christiane Taubira.

Jean-Claude Renard  • 29 août 2013 abonné·es

Début août, les détenus de la prison de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, dénonçant une « incompréhension » avec le personnel pénitentiaire, détruisaient divers matériels de l’établissement. Le 19 août, des dizaines de prisonniers de la maison d’arrêt de Blois (Loir-et-Cher) saccageaient tout un secteur après la découverte d’un détenu décédé, victime d’une rupture d’anévrisme. Un diagnostic refusé par les mutins. Le surlendemain, à Châteaudun, en Eure-et-Loir, trente détenus gagnaient les toits de la prison. Chaque fois, il suffit d’une étincelle pour déclencher une rébellion.

Les mutineries en prison sont un marronnier de l’été. Elles répondent aux conditions et à la surpopulation carcérales, quand les températures exacerbent les tensions. Début juillet, le nombre de détenus en France atteignait le chiffre record de 68 569 personnes pour 57 320 places. Et, cette année, le marronnier a pour toile de fond la réforme pénale de Christiane Taubira, portée par une ligne directrice : désincarcérer. Une ligne directrice qui n’entre pas dans l’univers mental du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Le 25 juillet, il envoyait une note confidentielle à l’Élysée, rédigée dans le dos de Christine Taubira, publiée par le Monde le 14 août (comment ne pas songer à une fuite orchestrée ?), dans laquelle il fustigeait « la quasi-totalité des dispositions »  : la création d’une peine de probation misant sur l’alternative à la prison et l’accompagnement, visant principalement les courtes peines ; l’abrogation des peines planchers (suivant une promesse de François Hollande) instaurées par Rachida Dati, qui contribuent à la surpopulation carcérale actuelle.

Manuel Valls s’est aussi prononcé pour l’exécution ferme des peines, « même les plus courtes », la construction de nouvelles prisons, quand la garde des Sceaux préfère rénover les anciennes. La différence entre l’un et l’autre ministre, fondamentale, s’inscrit dans le temps. Valls compte le nombre de numéros d’écrou, Taubira entend changer les mœurs. Jean-Marc Ayrault doit rendre son arbitrage ce vendredi. Le projet de loi devrait être présenté courant septembre au Conseil des ministres. Il y a urgence. Cécile Duflot et Pascal Canfin ont déjà affirmé leur soutien à la Chancellerie, à l’instar de Jean-Pierre Sueur, président de la commission des lois du Sénat. Un report sonnerait comme un aveu de faiblesse, à Matignon comme à l’Élysée.

Société Police / Justice
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