À Dax, PCF contre PCF

Dans la station thermale landaise, le vote des militants communistes pour élaborer leur stratégie aux municipales tourne à l’embrouillamini.

Pauline Graulle  • 15 novembre 2013
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À Dax, PCF contre PCF

Promis-juré, disait en substance Pierre Laurent mardi matin sur France Inter, le PCF suivra la décision de ses militants. Eux et eux seuls décideront si, dans leur ville, les communistes partiront ou non avec le PS au premier tour des municipales. Las ! La politique n’est parfois pas si simple. Surtout au Front de gauche, où l’on ne cesse de s’écharper sur les municipales. Exemple à Dax (Landes), où deux votes de militants communistes disent tout et son contraire.

La première consultation remonte au 19 octobre, à l’initiative de la cellule dacquoise (une trentaine de militants), qui décide d’organiser un vote par correspondance. Sur 24 voix exprimées ce jour-là, 23 vont à la constitution d’une liste Front de gauche, et une seule à l’alliance avec les socialistes. Seul hic : les élus communaux, qui ont pourtant reçu tout le matériel nécessaire, ont refusé de voter. «  Au total, 70 % des adhérents de la cellule étaient pour l’autonomie , rapporte Gabriel Comets, le secrétaire de cellule. On a adressé les résultats à une commission nationale de validation, avec un double au secrétaire fédéral. »

Mais la fédé ne l’entend pas de cette oreille et dénonce des irrégularités, notamment le vote par correspondance (pourtant validé ailleurs, comme à Limoges). Son chef de file départemental, Alain Baché, décide d’organiser un second vote, le 8 novembre. Après deux heures de réunion, les militants sont encore appelés aux urnes, in situ cette fois. Mais les esprits s’échauffent et 8 militants, sur les 21 présents, quittent le bureau de vote. En fin de compte, c’est à l’unanimité que les 13 votants restants décident… de s’allier au maire sortant (PS), Gabriel Bellocq, dès le premier tour.

Depuis, les noms d’oiseaux volent entre les deux responsables PCF. D’un côté, Gabriel Comets, qui assure que, sur les terres landaises, où règnent en maîtres les « emmanuellistes », « le secrétaire fédéral socialiste et le secrétaire fédéral communiste ont négocié dans le dos de tout le monde pour trouver un moyen de revoter » . Il affirme que deux électeurs du deuxième scrutin n’étaient pas à jour de cotisation, et qu’il n’avait « jamais vu » un troisième avant le 8 novembre. « Or, 10 bulletins de vote ne seront jamais supérieurs à 23 » , dit-il, affirmant que la base militante communiste entend, dans son ensemble, se désolidariser de la politique de François Hollande. De l’autre côté, Alain Baché refuse de donner une portée nationale à cet « épiphénomène » dont Sud Ouest s’est fait l’écho, préférant, de loin, « laver le linge sale en famille » . En « famille », vraiment ?

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