Dominique Voynet décroche

Michel Soudais  • 26 novembre 2013 abonné·es

La maire EELV de Montreuil (Seine-Saint-Denis) , Dominique Voynet, a annoncé lundi soir qu’elle ne briguerait pas en 2014 un nouveau mandat à la tête de cette ville de la banlieue est de Paris. Dans une longue lettre testamentaire réservée aux abonnés de Libération, envoyée par son cabinet à l’AFP, mais également publiée sur son blog et sur Mediapart, l’ancienne ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement du gouvernement Jospin expose les raisons qui l’ont conduite à ne pas se représenter au terme de son premier mandat.

Illustration - Dominique Voynet décroche

**Affirmant éprouver «une vraie fierté» pour son *«chemin parcouru» depuis son engagement en politique, comme pour son bilan municipal qui a «dans tous les domaines contribué à transformer Montreuil en profondeur» , Dominique Voynet donne trois raisons à son retrait de la bataille municipale:

*«Parce que je souffre profondément de la dégradation de la vie politique et du climat qui conduit, à Montreuil comme ailleurs, à englober tous les politiques d’une même suspicion, et de plus en plus souvent d’un même mépris, ceux qui ne cumulent pas comme ceux qui cumulent, ceux qui sont intègres comme ceux qui sont corrompus, ceux qui brossent leurs clientèles dans le sens du poil comme ceux qui refusent d’accorder des passe-droits, y compris à leurs plus proches amis.

Parce que je mesure que, pour être réélue, je devrais me résoudre à des compromis, à des alliances, à des prises de position, qui bousculent mes valeurs et mes convictions et me conduiraient à ne plus me ressembler.

Parce que je n’ai juste plus envie d’être la personne qu’il faudrait être pour résister imperturbablement aux banderilles plantées, à longueur de temps, au cours de conseils municipaux interminables, aux terrasses des cafés, dans les halls d’immeuble, à la sortie des écoles, par des gens dont le seul projet est de reconquérir ce qu’ils considèrent comme leur bien, leur fief, à n’importe quel prix.»*

Très critiquée sur sa gestion , Dominique Voynet s’était mise tout le monde à dos. Au point que même dans sa famille politique plus personne n’imaginait qu’elle puisse conserver sa mairie, conquise à la hussarde en 2008 (avec un maintien au second tour contre le candidat investi par le PCF et soutenu par le PS, arrivé en tête).

Après son retrait, restent trois candidats déclarés:
Jean-Pierre Brard , 65 ans, ancien député-maire de la ville, ex-communiste, mu par une soif de revanche inextinguible, qui revendique l’étiquette Front de gauche, persuadé de pouvoir l’incarner seul. Le retrait de Dominique Voynet le prive de son principal argument de campagne.
Patrice Bessac , 35 ans, conseiller régional et apparatchik du PCF, qui rassemble autour de lui sur une liste Montreuil avenir les composantes politiques locales du Front de gauche.
Razzy Hammadi , 34 ans, député socialiste de la circonscription, ancien président du MJS, proche de Benoît Hamon mais très tenté d’aller chercher à droite les voix qui lui manquent.
Mouna Viprey , 45 ans, chercheuse en économie, exclue du PS en 2008 pour s’être présentée avec Dominique Voynet, dont elle a été la première adjointe avant de quitter la majorité en 2010 avec huit autres élus, conduit une liste divers gauche «Elire Montreuil».