Parutions de la semaine

Politis  • 7 novembre 2013
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À bord du négrier

Une histoire atlantique de la traite

Marcus Rediker, traduit de l’anglais (États-Unis) par Aurélien Blanchard, Seuil, « L’Univers historique », 560 p. (+ cahier iconographique, 16 p.), 24 euros.

Quatorze millions de prisonniers africains. Plus de deux millions de morts durant les quatre cents années de traversées de bateaux négriers. Historien spécialiste de la piraterie et des aspects sociaux de l’histoire maritime, Marcus Rediker, professeur d’histoire atlantique à l’université de Pittsburgh et coauteur de l’Hydre aux mille têtes. L’histoire cachée de l’Atlantique révolutionnaire (Amsterdam, 2008), relate ici les voyages terrifiants de ces véritables « donjons flottants ». Des conditions terribles, marquées par la faim, la maladie, la séparation des hommes et des femmes, et une violence sans bornes à l’encontre des futurs esclaves entassés dans les cales. Un volume appelé à devenir une référence sur une histoire finalement peu documentée.

La Revue des livres n° 14

L’antimonde pirate

Novembre-décembre 2013, 80 p., 5,90 euros. www.revuedeslivres.fr

L’excellente Revue des livres propose une livraison de grande qualité pour son dernier numéro de l’année. Au sommaire, après un vigoureux éditorial de son directeur de publication, Jérôme Vidal, « Pour en finir avec la grande dé-démocratisation européenne », où il fustige la voie toujours plus néolibérale de l’Union européenne, on trouvera une analyse fine, par Joëlle Marelli, du livre d’Enzo Traverso la Fin de la modernité juive (La Découverte) et de l’ouvrage de Judith Butler Vers la cohabitation. Judéité et critique du sionisme (Fayard). Suivent une autre analyse, tout aussi brillante, d’Antonella Corsani sur la Cité du travail de Bruno Trentin (Fayard), une critique de l’approche de Nicos Poulantzas sur « la gauche et l’État », et bien d’autres choses encore.

À Berlin

Joseph Roth, traduit de l’allemand par Pierre Gallissaires, éd. Les Belles Lettres, coll. « Domaine étranger », 224 p., 13,50 euros.

Né en 1894 dans une famille juive de Galicie, alors partie de l’Empire austro-hongrois, Joseph Roth s’installe à Berlin en 1920, jusqu’à l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933. Réunis dans ce livre, ses articles sont le résultat de sa plongée au plus profond de la métropole allemande, comme peu d’écrivains ont osé le faire alors. Ces textes montrent une ville allant droit vers l’effondrement moral, écrits dans un style élégant par l’un des premiers intellectuels à avoir compris la menace nazie. On lira surtout le dernier article, paru à Paris en septembre 1933 dans la revue les Cahiers juifs, où Roth décrit avec une étonnante prémonition, et jusque dans les moindres détails, comment « l’Europe spirituelle capitule » sous les coups des chemises brunes, certain du génocide à venir.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes
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