Israël : la peur du boycott

Le gouvernement israélien et le patronat prennent conscience de l’ampleur du mouvement international en faveur de la campagne BDS.

Denis Sieffert  • 13 février 2014 abonné·es

«BDS » pour « Boycott, désinvestissement et sanctions » : voilà donc les trois lettres qui font peur au gouvernement israélien. C’est même un début de panique qui s’empare du Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, qui, dimanche, a réuni en urgence trois de ses ministres pour discuter des moyens de lutter contre le boycott.

De façon symptomatique, ce sont les ministres les plus favorables à la colonisation qui étaient convoqués : Avigdor Lieberman (Affaires étrangères), Naftali Bennett (Économie), représentant direct des colons, et Youval Steinitz (Affaires stratégiques). Les plus modérés, comme la ministre de la Justice, Tzipi Livni, avaient été soigneusement tenus à l’écart. Il ne s’agit donc pas de renoncer à la colonisation mais d’entamer une campagne de propagande comme Israël en a le secret. « Aucune manipulation médiatique ou de “Hasbara” [relations publiques, NDLR], aussi bien financée soit-elle, ne pourra contrer un tel mouvement en expansion mondiale », a répliqué par avance Hanane Achraoui, dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz. Pour la dirigeante palestinienne, membre du Comité exécutif de l’OLP, le boycott est « une forme de résistance responsable et non-violente  [qui] montre que l’occupation a un prix », et qui doit « inciter la société civile israélienne à mettre son gouvernement face à ses responsabilités ». Parmi les plus inquiets, il y a les patrons israéliens dont certains, réunis au sein du mouvement Breaking the Impasse, ont récemment appelé le gouvernement à faire la paix avec les Palestiniens. Ces débats se mènent alors que le secrétaire d’État américain, John Kerry, intensifie ses efforts pour parvenir à un accord d’ici à la fin du mois d’avril. Des démarches qui ont bien peu de chances d’aboutir, les États-Unis n’ont même pas réussi à obtenir d’Israël un gel de la colonisation. John Kerry a récemment été la cible d’attaques très virulentes de la droite gouvernementale israélienne pour avoir fait valoir qu’en cas d’échec de son plan, la menace d’un boycott serait importante.

En fait, on sait peu de chose pour l’instant du plan Kerry, sinon qu’il prévoirait le maintien de l’armée israélienne sur la rive du Jourdain pendant dix ou quinze ans, et le non-démantèlement de 75 % à 80 % des colonies. Ce qui n’est pas acceptable pour le Président palestinien, Mahmoud Abbas, qui demande un retrait israélien sur cinq ans et le positionnement d’une force de l’Otan le long du Jourdain et partout où cela serait nécessaire en Cisjordanie. Commentaire du vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Zeev Elkin, « il [Mahmoud Abbas] ne veut pas nous jeter à la mer immédiatement, mais seulement un peu plus tard ».

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert