Pédophilie dans l’Église : l’ONU demande au Vatican de livrer les auteurs

Isabelle Chaumard  • 5 février 2014 abonné·es

Illustration - Pédophilie dans l’Église : l’ONU demande au Vatican de livrer les auteurs

Le Comité des Nations Unies sur les droits de l’enfant publie ce mercredi un rapport accusateur concernant les crimes sexuels sur mineurs par les membres de l’Église. Il exige que les prêtres auteurs de tels crimes ou soupçonnés de l’être soient déférés devant la justice. Il demande transparence et clarification dans les procédures du Vatican.

Des milliers d’enfants victimes depuis les années 1960, et peu d’engouement à sanctionner ou prévenir ces dérives : tel est le constat de l’organisation. Les archives sur ces affaires de pédophilie ne sont pas publiques. Les procédures du Vatican en la matière ne sont pas claires. La déclaration des actes de pédophilie connus par l’Église ou soupçonnés n’est pas rendue obligatoire dans son règlement. Les sanctions prévues pour les ecclésiastiques concernés ne sont pas énoncées. On n’est pas loin de la protection des auteurs qui permettrait par là-même de préserver l’institution.

Le mea culpa de Benoît XVI ne suffit pas à l’ONU. Pourtant, le pape prônait religieusement la « tolérance zéro » en matière de pédophilie dans les rangs de ses prêtres. Mais la bonne parole et la signature par le Vatican de la Convention des droits de l’enfant en 1990 ne suffit pas aux Nations unies, qui rend un rapport sans appel.

Pour le Comité, cela signe une « politique qui a entrainé la poursuite de ces abus et l’impunité pour leurs auteurs » . Le porte-parole du comité exige des réponses auxquelles le pape devra répondre avant le 1er novembre prochain. Qu’a-t-il fait pour permettre à la justice de travailler ? Comment a-t-il assuré la protection des victimes ? S’est-il assuré que les prêtres soupçonnés ou auteurs n’étaient plus en contact avec des mineurs ? Comment s’organise-t-il pour lutter contre ces crimes au sein de son institution ?

C’est la première fois que le Vatican est ainsi sommé de s’expliquer sur ces crimes. Pour l’heure, la réponse du Saint Siège est une fin de non-recevoir. Il dénonce une ingérence dans ses affaires intérieures.

Police / Justice
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