Un texte qui manque d’ambition

La loi « d’avenir » de Stéphane Le Foll affiche une volonté d’aller vers moins d’industriel mais sans s’en donner les moyens.

Olivier Doubre  • 17 avril 2014 abonné·es

C’est une tradition bien française : chaque ministre de l’Agriculture tente de laisser sa marque sur sa période aux responsabilités par une grande loi d’orientation. Celle de Stéphane Le Foll ne s’intitule pas moins que « loi d’avenir agricole ».

D’abord adopté par l’Assemblée nationale en janvier, le projet de loi vient tout juste de passer devant le Sénat, toujours très attentif à ce qui touche au monde rural. Le poids de la FNSEA continue aussi de s’y faire sentir. Si les intentions des mesures contenues dans le texte, son vocabulaire aussi, affichent une certaine volonté de rompre avec « l’agrobusiness » et l’agriculture productiviste, le compte n’y est pas. Certes, on reconnaît la nécessité de cesser d’augmenter la taille des exploitations, de limiter l’emploi des pesticides et, plus généralement, de changer de modèle agricole en se tournant davantage vers une agriculture de proximité, plus propre, capable de faire vivre ses territoires. Toutefois, peu de moyens lui sont véritablement alloués et chaque grand principe allant en ce sens se voit restreint (ou amendé, notamment par certains sénateurs) par la possibilité d’exceptions ou de dispositions dérogatoires permettant de passer outre, en particulier en matière de pesticides et autres produits industriels.

Ce que regrette d’ailleurs fortement la Confédération paysanne. L’un de ses porte-parole, Mikel Hiribarren, à la veille de l’adoption du texte par le Sénat, jugeait ainsi que « Stéphane Le Foll aura introduit un vocabulaire ambitieux, comme le terme d’“agro-écologie”, mais sa loi aurait mérité la même ambition que son vocabulaire »

Écologie
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