Défense de critiquer !

Jean-Claude Renard  • 11 juillet 2014 abonné·es

C’est une première ! Et elle est sévère. Le tribunal de grande instance de Bordeaux vient de condamner une bloggeuse culinaire à 1500 euros de dommages et intérêts et à 1000 euros de frais de procédure, nous apprend Sud-Ouest. Motif : sur son blog baptisé « L’Irrégulière », elle avait rédigé un billet critique sur une pizzeria du Cap-Ferret. La critique, aujourd’hui retirée du blog, avait été postée en août 2013. C’est donc plus de dix mois après que la jeune femme a été convoquée au tribunal, sans même avoir été avertie par l’établissement. Un établissement géré par « une diva » , selon l’expression de la bloggeuse, se plaignant des conséquences néfastes de cette note sur sa clientèle. « Je comprends que l’article ait pu vexer la gérante, mais les conséquences me semblent disproportionnées , a déploré la jeune femme. Si les blogueurs n’ont pas la liberté de faire des critiques négatives, les critiques positives n’ont plus aucun sens non plus. »

C’est ce qu’on appelle les « journalistes des bonnes nouvelles » . C’est déjà ce qui se passe dans la presse gastronomique, qui manque régulièrement de distance, de point de vue critique. Comme a manqué ici de discernement le tribunal de Bordeaux. Rappelons qu’il existe aujourd’hui près de 5000 blogs culinaires en France. Principalement tenus par des femmes (à hauteur de 90 %). S’ils sont tournés le plus souvent vers les recettes, certains ajoutent des critiques de restaurant. Avec 5000 blogs, à ce jeu-là, les tribunaux risquent d’être un peu plus engorgés !