Campagne Sarkozy de 2007 : un proche de Kadhafi accuse
16 pages de dossier. Pas moins. En titrant « Le même ? » , avec Nicolas Sarkozy à l’image, L’Express brasse et racole large. Avec à la une deux portraits de l’ancien locataire de l’Elysée, l’un propret, l’autre plutôt pas rasé, vieilli. Deux dates séparent les deux portraits de cette couverture. Novembre 2007 et février 2014. « Ses atouts/ses faiblesses » . Une agrémentée d’une « interview exclusive » : « Un proche de Kadhafi accuse. »
Au sein du dossier , les premières pages présentent un Sarkozy plus fort que jamais, préparant son retour, et travaillant son image. « Je est un autre » , dirait le dernier des convertis, Dominique de Villepin, dans une « fougue rimbaldienne » . Un Sarkozy qui a « râlé » , qui « râle » , qui « râlera » . Qui sourit devant les affaires qui le collent, se chargeant « de ses ennemis » , se gardant « de ses amis » . Ce portrait actuel de Sarkozy, d’un lyrisme enthousiasme et emporté, est à peine surprenant. Plus intéressant demeure l’entretien qui suit, avec Ahmed Kadhaf al-Dam, « parent du Guide et ex-dignitaire du régime de Tripoli » , affirmant que le colonel libyen avait apporté un soutien financier au candidat à l’Elysée lors de la campagne 2007. Un soutien à hauteur de « dizaines de millions d’euros » .
Interrogé en juillet dernier , l’entourage de Sarkozy répondait encore par « un témoignage fantaisiste, sans aucune crédibilité » . Pour L’Express , « l’ancien président a toujours contesté avoir bénéficié de fonds libyens » . Il n’empêche, cet entretien avec Ahmed Kadhaf al-Dam, un cousin de Kadhafi, sur 5 pages (sans compter les pages de publicité entrecoupant l’entretien), est sans équivoque. En replaçant un financement dès 2005, « quand Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, avait débarqué en visite officielle pour nous vendre des armes et du matériel de surveillance » . Pas question de montants exacts, mais « des dizaines de millions d’euros, distribués en plusieurs versements à partir de 2005-2006 » , versés par « un comité spécial » . Et d’égrener tout un système, jusqu’à la livraison d’une « valise » déposée auprès des « émissaires de M. Sarkozy » et différentes vidéos. Tout cela frôle le rocambole, attise. A deux jours du retour officiel de Sarkozy, il n’y a pas de hasard. Il sera dans tous les médias ce week end, et notamment sur France 2 dimanche soir. Sur le service public. C’est aussi de la communication politique.
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