Le Monde bloqué

Jean-Claude Renard  • 26 septembre 2014 abonné·es
Le Monde bloqué
© Photo: Manuel Cohen / AFP

Grabuge au quotidien du soir. Les salariés de la Société éditrice du Monde (SEM) ont en effet bloqué la sortie du journal et perturbé l’activité du site Lemonde.fr ce vendredi 26 septembre. Motif : la direction entend regrouper tous les salariés non journalistes du groupe au sein d’une filiale. Un projet prévu pour 2015 auquel s’opposent les employés, cadres et ouvriers de la SEM.
Dans un communiqué rendu public ce matin, l’Intersyndicale des journalistes (CFDT, CGT, SNJ) explique que « cette filialisation, en clair la sortie de la SEM de tous les métiers non journalistiques, signifie pour ces dizaines de collègues une remise en cause des conventions collectives de la presse, de leurs droits de salariés, de tout ce qui fait leur attachement à notre maison commune » .

En effet, souligne Isabelle Bobin, assistante à la direction des ventes , déléguée CGT, et participant au blocage du journal, « on veut nous mettre dans une société low cost, avec le risque pour nous de voir nos avantages supprimés. Cela se fait sans concertation. Nous sommes prêts à négocier, mais nous ne dérogerons pas sur notre volonté de voir ce projet retiré. Ce qu’on observe clairement, c’est que les directions ne veulent plus des conventions collectives de la presse parisienne » .

Pour l’Intersyndicale des journalistes , solidaire des ouvriers, employés et cadres de la SEM, ce projet « démantèle notre collectivité de travail […]. D’abord parce qu’en sortant les personnels administratifs et techniques il remet en cause notre histoire, nos liens particuliers interprofessionnels, tous métiers confondus, que nous avons tant bien que mal préservés depuis la rue des Italiens. Mais aussi parce que nous allons nous retrouver bien seuls dans notre petite SEM ! » De fait, à quelque 400 personnes, « quel sera notre rapport de force dans nos instances représentatives ? » , s’interrogent les syndicats. « Comment penser que la logique d’économies que met en place la direction, poussée par les actionnaires, va s’arrêter aux seuls non-journalistes ? Dans quelques mois, nous serons à notre tour trop coûteux, trop nombreux. » C’est donc au-delà de la chronologie du projet que s’inscrivent les syndicats, vigilants sur l’avenir.

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