Rémi Fraisse : les gendarmes savaient, selon Le Monde

Lena Bjurström  • 12 novembre 2014 abonné·es
Rémi Fraisse : les gendarmes savaient, selon Le Monde
© Photo : REMY GABALDA / AFP

Dès la nuit du 25 au 26 octobre, les gendarmes avaient peu de doutes sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse. C’est ce qui ressort des dernières informations du Monde. Le quotidien a eu accès à un procès verbal, daté du 29 octobre, retranscrivant les conversations des militaires sur place.

Sivens, 26 octobre, 2 h du matin. Quelques minutes après avoir vu un manifestant s’effondrer, les gendarmes partent le récupérer :

« Les militaires ramènent le corps inerte de Rémi Fraisse. “Il respire ou quoi ?”, s’inquiète le supérieur. L’infirmier de l’escadron tente alors les gestes de premiers secours. A 2 h 03, un gendarme s’écrie : “Il est décédé, le mec ! Là, c’est vachement grave… Faut pas qu’ils le sachent !”  » , raconte Le Monde.

Une petite phrase qui ne visait en rien à étouffer l’affaire, mais à empêcher la nouvelle de se répandre parmi les manifestants, et éviter ainsi que les affrontements ne redoublent d’ardeur, a assuré le service de la gendarmerie au Monde.

Mais ces révélations, qui viennent corroborer les informations de Mediapart, soulignent une fois de plus les erreurs de communication du gouvernement dans cette affaire.

Lire > Mort de Rémi Fraisse : l’Etat a bien menti, selon Mediapart

Autre affirmation du Monde: les gendarmes sur place avaient reçu du préfet du Tarn la consigne de « faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toute forme de violences envers les forces de l’ordre » . C’est, selon nos confrères, ce qu’a déclaré sur PV dès 4 h 30 du matin le 26 octobre, le commandant du groupement de gendarmes mobiles qui dirigeait les opérations cette nuit-là. Or, le 9 novembre, Thierry Gentilhomme, le préfet du Tarn, prétendait encore, dans La Dépêche du Midi , n’avoir « donné aucune consigne de sévérité aux forces de l’ordre » .

Réactions politiques

Ces nouvelles révélations relancent la polémique sur le rôle et les responsabilités du gouvernement. Dans un communiqué, EELV « demande une nouvelle fois au président de la République, dans l’attente des résultats des enquêtes en cours, de répondre dès maintenant aux questions de la famille de Rémi Fraisse et de dire la vérité aux Français sur la décision qui a été prise de ne pas révéler la vérité pendant ces premières 48 heures » .

Sur Twitter, Alexis Corbière a aussitôt renouvelé la demande d’une démission du ministre de l’Intérieur, formulée par son parti dès le mardi 28 octobre :

Ce secrétaire national du PG estime par ailleurs qu’il s’agit d’ « un scandale d’État » . Joint au téléphone par Politis.fr, il explique que les mensonges de Bernard Cazeneuve dans les première 48 heures (il a fait mine de ne pas savoir ce qui s’était passé), sa déclaration du 28 octobre niant qu’il s’agisse d’une bavure, ainsi que la confirmation que des consignes de fermeté ont bien été données par la préfecture, justifient pleinement cette demande de démission.

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