Un numerus clausus pour les prisons

Jean-Claude Renard  • 25 novembre 2014 abonné·es
Un numerus clausus pour les prisons
© Photo : Denis Charlet/AFP

Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan , s’est prononcée ce mardi pour la mise en place d’un « numerus clausus » ou un « seuil » limite d’incarcération de manière à sortir de la surpopulation carcérale : « Il est temps de faire entrer le droit en prison car, pour les détenus mais aussi pour les surveillants, la surpopulation a de graves conséquences » , a déclaré au Parisien , ce mardi 25 novembre, Mme Hazan. Et de proposer ainsi « d’interdire la pratique des matelas au sol » , sachant que « chaque nuit, plus d’un millier de détenus dorment par terre, dans des cellules déjà surchargées » .
En effet, les derniers chiffres publiés par l’administration pénitentiaire, début novembre, faisaient apparaître que les établissements français comptaient 1065 matelas au sol, pour un effectif de 66 530 détenus. Pour régler ce « problème de fond, je suis favorable au numerus clausus » , a-t-elle poursuivi. On commencerait par fixer un seuil au-delà duquel il ne serait plus possible d’incarcérer » .

Concrètement, cela consisterait « à différer les incarcérations quand le seuil est atteint, à libérer certains détenus en fin de peine, à condition de leur proposer un accompagnement. Avec de la pédagogie, je suis sûre que l’opinion publique serait prête à accepter cette réforme courageuse » , veut croire l’ancienne magistrate et maire socialiste de Reims. En effet, c’est bien de pédagogie qu’il s’agit, quand nombre d’avis estiment que la seule présence de la télévision dans les cellules est un luxe.

Cette position intervient justement au moment où l’encellulement individuel, qui n’a jamais été respecté, devient une obligation pour l’Etat, après un moratoire de cinq ans. Une obligation légale que la France ne respecte toujours pas. Et qui ne sera effective qu’après avoir désengorgé les prisons. D’où l’intérêt d’un numerus clausus. Dans ce sens, le député écologiste Sergio Coronado et plusieurs personnalités ont invité hier, lundi 24 novembre, le gouvernement à se saisir de la question de l’encellulement individuel.

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Le réalisateur David Moreau accusé de viol, une information judiciaire ouverte
Justice 10 juillet 2025 abonné·es

Le réalisateur David Moreau accusé de viol, une information judiciaire ouverte

La technicienne ayant porté plainte pour viol contre le cinéaste lors du tournage de King (2020) a appris, cinq ans plus tard, son classement sans suite, au terme d’une enquête lacunaire dont Politis révèle des éléments exclusifs. Après une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, une information judiciaire vient d’être ouverte.
Par Hugo Boursier
Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020
Enquête 10 juillet 2025 abonné·es

Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020

L’homme, alias Napoléon de Guerlasse, est l’administrateur du site Guerre de France, qui servait au recrutement du groupe jugé pour association de malfaiteurs terroriste. Militant d’extrême droite soutenu par le parti lepéniste aux municipales de 2020, son absence au procès interroge.
Par Pauline Migevant
« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »
Entretien 3 juillet 2025 abonné·es

« Les meurtres racistes actuels sont le prolongement du chemin intellectuel de l’AFO »

Avocat de la Ligue des droits de l’Homme dans le procès du groupe d’extrême droite appelé Action des forces opérationnelles, Mohamed Jaite évoque la façon dont le racisme a été abordé au cours des audiences, parfois pour diluer les responsabilités.
Par Pauline Migevant
Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »
Justice 1 juillet 2025 abonné·es

Snipers franco-israéliens : « Ce qui est effarant, c’est qu’ils revendiquent leurs crimes de guerre à Gaza »

Deux soldats franco-israéliens sont visés par une plainte de plusieurs ONG, déposée ce 1er juillet à Paris, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis à Gaza. Ils sont accusés d’avoir participé à des exécutions sommaires au sein d’une unité baptisée Ghost Unit.
Par Maxime Sirvins