Valls, pyromane de l’écologie

En pleine crise du barrage de Sivens, le Premier ministre réaffirme le soutien résolu du gouvernement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Patrick Piro  • 5 novembre 2014 abonné·es
Valls, pyromane de l’écologie
© Photo: MARTIN BUREAU / AFP

« La détermination de l’État à voir ce projet réalisé est intacte. » La lettre est signée par le Premier ministre, rassurant l’association Des ailes pour l’Ouest, composée de personnel de l’aviation : oui, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera bien construit. Il rappelle quand même – engagement de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault — qu’il faudra attendre la fin des procédures judiciaires en cours.
Après tout, rien de nouveau dans la bouche de Manuel Valls, soutien de longue date du projet. Sauf la date du courrier : le 28 octobre dernier, soit quatre jours à peine après la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens. La France en pleine ébullition prend conscience qu’il existe peut-être des dizaines de projets anti-démocratiques de ce genre.

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Souffleur de braises, le Premier ministre ? Pas avec tous les protestataires. Avec les bonnets rouges, opposés à l’écotaxe, il a laissé sa ministre de l’écologie Ségolène Royal décréter l’abandon de cette mesure d’intérêt général. À Sivens, alors qu’elle se disait « prête au dialogue » , il se vantait au contraire, début septembre, d’avoir « tenu bon » face au occupant de la « zone à défendre » en couvrant l’action des bulldozers par des compagnies de gardes mobiles. À la manière d’un Sarkozy qui décide que « l’environnement, ça commence à bien faire » en constatant que son Grenelle de l’environnement ne lui a rapporté aucun bénéfice électoral chez les écolos, le Premier ministre semble résolu à faire payer à Cécile Duflot et ses amis la rupture de l’alliance gouvernementale. En avril dernier, négociant la présence de ministres EELV dans son équipe, il avait joué, en vain, un ultime joker en se disant prêt « à faire un geste » pour Notre-Dame-des-Landes.