Le rôle de l’écologie dans l’après-Charlie

Les écologistes déclinent l’offre de pacte national pour la sécurité proposé par le PS.

Patrick Piro  • 22 janvier 2015 abonné·es
Le rôle de l’écologie dans l’après-Charlie
© Photo : AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Réuni en conseil fédéral en fin de semaine dernière, Europe Écologie-Les Verts (EELV) a consacré la quasi-intégralité de son débat de politique générale aux conséquences des attentats qui ont ensanglanté Paris. Encore sonné, le parti a longuement rendu hommage aux victimes, et notamment aux dessinateurs de Charlie Hebdo, ces écolos dans l’âme comme Cabu ou Tignous qui lui avaient laissé libre accès à leurs dessins. La secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, a fait la critique d’un pays incapable de répondre aux défis d’une France « à deux vitesses », dix ans après les émeutes dans les quartiers populaires. « La crise économique, sociale et environnementale que nous connaissons asphyxie notre jeunesse et entraîne l’absence de perspectives. »

Que faire ? Une fois expédié l’incontournable quitus au couple Hollande-Valls pour sa gestion de la crise, EELV a tenu à marquer sa différence, rejetant la proposition du premier secrétaire socialiste Jean-Christophe Cambadélis d’un « pacte national de combat contre le terrorisme », redoutant les dérives sécuritaires. « Je propose plutôt un pacte pour la justice et les libertés », lance Emmanuelle Cosse, se référant à la philosophie des responsables norvégiens après la tuerie de l’île d’Utoya : «  Plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie. » S’il faut améliorer le renseignement français, il est urgent de redéfinir l’utilité sociale de la prison, où se forment des « monstres » .

Le plus vaste chantier, souligne la secrétaire nationale, concerne la conquête « de l’égalité, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble ». Alors que les tueurs, « enfants de la République française », sont passés par nombre de ses structures, la réponse appelle « des politiques sociales d’éducation et d’intégration plus fortes, le déploiement de services publics de proximité dans les territoires […], la lutte contre les amalgames, le racisme, les raccourcis.  […] Il faut aussi revoir nos politiques d’accueil des étrangers […]. À la fermeture des frontières, nous préférons le droit d’asile et la régularisation des sans-papiers.  » Elle appelle « à une laïcité du vivre-ensemble, et non pas une laïcité de combat […], qui permette aux religions d’ être vécue s de manière apaisée  ». Enfin, EELV interpelle l’Union européenne pour sa responsabilité devant un phénomène qui dépasse les frontières françaises. « L’écologie a un rôle a jouer dans l’après-Charlie, affirme Emmanuelle Cosse, pour montrer qu’un autre modèle de développement, désirable, est possible, qui n’est ni le libéralisme ni le nationalisme. » Vieux leitmotiv d’EELV, qui cherche depuis des années comment emporter la conviction de l’opinion publique.

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