Les citoyens sont invités à prendre le gratin en marche

Michel Soudais  • 10 janvier 2015
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Les citoyens sont invités à prendre le gratin en marche
Ajout à 12h45 de la venue de Viktor Orban Ajout à 22h52 des représentants de plusieurs pays dont la Tunisie, la Turquie, Israël ou le Gabon. Ajout à 23h13 de la venue de Mahmoud Abbas (source dplomatique).
© REMY DE LA MAUVINIERE / POOL / AFP

La grande marche convoquée pour défendre les « valeurs républicaines » a subitement pris, vendredi soir, une toute autre tournure. Celle d’une très mauvaise blague faite aux « anars » de Charlie hebdo qui brocardaient tous les pouvoirs et tous les obscurantismes. L’atterrante controverse politicienne autour de la présence ou non du Front national, et la mainmise des partis politiques sur l’organisation de ce rassemblement avait déjà confisqué l’émotion et le sursaut citoyen qui s’étaient manifestés à travers le pays sitôt connu le raid meurtrier des frères Kouachi. Comme si cela ne suffisait pas, après le dénouement des deux prises d’otages de Damartin-en-Goële et Paris, plusieurs chefs de gouvernement européens et dirigeants de l’Union européenne se sont invités dans le cortège. Avant que François Hollande confirme qu’il en serait.

Marcheront donc autour de François Hollande et Manuel Valls , entre République et Nation, dimanche :
la chancelière allemande Angela Merkel,
le premier ministre britannique David Cameron,
le président du conseil italien Matteo Renzi,
le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy,
le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker,
le président du Parlement européen, Martin Schulz,
le président du Conseil européen Donald Tusk,
le chef du gouvernement danois Helle Thorning-Schmidt,
le chef du gouvernement belge Charles Michel,
le chef du gouvernement néerlandais Mark Rutt,
le premier ministre hongrois Viktor Orban,
le premier ministre grec Antonis Samaras,
le premier ministre portugais Pedro Passos Coelho,
le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka,
le premier ministre letton Laimdota Straujuma,
le premier ministre bulgare Boïko Borisov,
le premier ministre croate Zoran Milanovic,
le président roumain, Klaus Iohannis,
la présidente de la Confédération suisse Simonetta Sommaruga,
le président ukrainien Petro Porochenko,
le premier ministre géorgien Irakli Garibachvili,
le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov,
la présidente du Kosovo Atifete Jahjaga,
le premier ministre turc Ahmet Davutoglu,
le premier ministre albanais Edi Rama,
le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avec son chef de la diplomatie Avigdor Lieberman,
le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas
le roi de Jordanie Abdallah II et la reine Rania…

L’Afrique sera représentée à cette Garden party par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa, les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo, nigérien Mahamadou Issoufou et béninois Thomas Boni Yayi, l’Amérique du Nord par le ministre américain de la Justice Eric Holder et le ministre canadien de la Sécurité publique Steven Blaney. Au total, une cinquantaine de pays seront représentés.
Plusieurs dirigeants d’institutions internationales (Organisation internationale de la Francophonie, Bureau international du Travail, Ligue arabe) ont également annoncé leur présence.
Cerise sur le gâteau , il y aura même le secrétaire général de… l’Otan Jens Stoltenberg. Sans doute pour mieux nous faire comprendre que « nous sommes en guerre » , comme l’a martelé Manuel Valls.

Eux devant, le bon peuple derrière. Le gouvernement invite les citoyens à prendre le gratin en marche.

Avec un tel aréopage et ses mots d’ordre guerriers, l’unité nationale à laquelle nous appelait mercredi soir le président de la République ressemble furieusement à l’union sacrée qui précède les grands engagements martiaux. L’année Jaurès n’est plus qu’un souvenir.
« On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. » Le mot bien connu de Desproges trouve, avec cet épilogue de l’effroyable attentat qui a frappé Charlie hebdo, une nouvelle déclinaison. Il nous faut dire aujourd’hui qu’on peut pleurer, manifester son émotion, mais pas avec n’importe qui.

Sur le même sujet : L’équipe de Politis exprime son indignation et sa solidarité
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