Le Pen et Le Pen : à qui profite la rupture ?

Denis Sieffert  • 9 avril 2015 abonné·es
Le Pen et Le Pen : à qui profite la rupture ?
© Photo : BERTRAND LANGLOIS / AFP

Voilà que le complotisme gagne l’UMP. Interrogé sur la rupture père-fille au Front national, le député des Hauts-de-Seine Patrick Ollier a dit croire à une machination. L’un ne serait pas complètement antisémite, ni vraiment pétainiste, et l’autre ne serait pas l’oie blanche dédiabolisée qu’elle prétend être.

Et leur fausse querelle résulterait d’un « partage des tâches » . Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? On ne sait évidemment pas ce que pense Marine Le Pen sur les juifs et sur Vichy, et d’ailleurs, on s’en moque, mais il est assez clair que toute sa politique repose sur le fameux « relookage », et que le vieux Le Pen, toujours haineusement goguenard, se complaît à lui glisser quelques peaux de banane sous les bottes. Il a fait monter les enchères, pour voir. Et il a vu ! On peut toujours imaginer que Marine pense fondamentalement comme son papa, mais son discours est différent. Parce qu’elle joue son avenir politique dans cette affaire, et c’est un enjeu avec lequel on ne badine pas.

Mais, sonder les reins et les cœurs des Le Pen (pouah !) n’a pas grand intérêt. Il est plus intéressant de s’interroger sur les conséquences politiques à moyen terme de cette version bas de gamme des Atrides. Le vieux Le Pen avait au moins un avantage : il était infréquentable, même pour Nicolas Sarkozy et ses amis, qui ne sont pourtant pas regardants. Non pour des raisons morales, mais pour des raisons politiques. Son élimination ou, à tout le moins, sa relégation, devrait faciliter pas mal de choses… Le Front national débarrassé de son satanique fondateur pourra bientôt devenir un partenaire pour la droite. Jusqu’à maintenant, on appelait ça la porosité. Bientôt, ça sera des vraies fuites. C’est peut-être ce que veut cacher notre député des Hauts-de-Seine.

Politique
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