Laurent Coq et Walter Smith III : Une subtile ivresse

Le pianiste Laurent Coq et le saxophoniste Walter Smith III jouent de la connivence.

Lorraine Soliman  • 7 mai 2015 abonné·es

Le jazz est un trait d’union indélébile entre les États-Unis et la France. Indélébile mais imprévisible. Le nouvel opus du pianiste Laurent Coq et du saxophoniste Walter Smith III ne déroge pas à la règle. En guise d’hommage à celui que l’on surnomme affectueusement « héros des deux mondes », le marquis de Lafayette, les deux musiciens ont uni leurs talents de narrateurs pour mûrir pendant une année ce Lafayette Suite, aujourd’hui incarné en dix pièces d’une puissante cohésion. Ce projet écrit à quatre mains s’affirme bel et bien à quatre voix. En amont, au-delà de l’excellent duo mélodico-harmonique que forment Laurent Coq et Walter Smith III, Joe Sanders à la contrebasse (ou à la basse électrique) et Damion Reid à la batterie sont à la section rythmique ce que les les bulles fines de certains champagnes sont aux rugosités d’autres vins mousseux : pétillant, élégance, luxe et volupté.

Pour filer la métaphore, on pourrait évoquer la rondeur entêtante du ténor californien et l’intensité des improvisations. Mais c’est la complicité des musiciens qui retient le plus l’attention. Quatre spécialistes de leur instrument et solistes hors pair sincèrement réunis, au-delà du symbole. La qualité de certaines séquences jouées à l’unisson entre piano et saxophone, notamment l’incroyable « Valley Forge », en dit long sur cette amitié qui se déploie durant cinquante minutes impeccablement enregistrées – d’une seule traite, paraît-il. Et, comme une évidence aussi, le choix du label Jazz&people, fondé sur le financement participatif et la relation directe entre les musiciens et ceux qui les écoutent. Décidément, The Lafayette Suite s’inscrit dans la longue connivence jazzistique de deux continents.

Musique
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