Climat : les glaciologues bientôt au chômage !

Claude-Marie Vadrot  • 13 novembre 2015 abonné·es

Les dernières nouvelles de la célèbre Mer de glace illustrent parfaitement les menaces de chômage qui pèsent sur le métier de glaciologue. L’attraction alpine qui permet aux touristes d’aller frissonner sans risque et en train à 1400 mètres d’altitude, non loin de Chamonix, a perdu près de trois mètres d’épaisseur sur toute sa surface depuis un an. Soit trois fois plus que les années précédentes mais autant qu’au cours des premières années du XXI° siècle. Le cancer climatique qui ronge cette attraction touristique surveillé par le Laboratoire de glaciologie de Grenoble continue donc de provoquer un amaigrissement de 120 mètres sur l’épaisseur et plus de deux kilomètres sur la longueur depuis 1905 du glacier. Il est donc entré dans sa phase terminale et ne pourra pas être sauvé par la COP 21. Surtout si, comme le représentant des Etats Unis vient de l’annoncer, son pays refuse à l’avance de tout accord contraignant…

L’ingénieur de recherche , Christian Vincent, surveillant la langue de glace qui se termine de plus en plus haut dans la montagne, explique qu’à réchauffement climatique constant (version très optimiste…) tous les glaciers alpins situés en dessous de 3500 mètres auront donc disparu avant la fin du siècle. En France et dans le reste de l’Europe.

S’il ne s’agissait que d’un folklore touristique très juteux pour la société qui exploite cette attraction et ses produits dérivés, on enterrerait sans le moindre chagrin la Mer de glace jonchée de détritus touristique et de débris plastique. Mais sa fonte fait partie des indicateurs que les spécialistes répertorient partout dans le monde. Pour explorer de plus en plus difficilement et dangereusement, comme le raconte la revue Nature parue il y a quelques jours dans l’article « Les glaciologues sur la corde raide », ils doivent monter de plus en plus haut dans les massifs montagneux ou prendre de plus en plus de risques sur les banquises fondantes pour ausculter les mémoires de ces amas glaciaires.

Cette disparition des glaciers qui touche l’Europe, l’Asie, l’Islande, le continent américain ou l’Inde a deux conséquences graves. D’abord cette évolution va rapidement priver les glaciologues de l’outil de référence qui leur sert à évaluer les changements de l’atmosphère. Ensuite, et surtout, la disparition de ces glaciers de montagne prive d’eau des centaines de millions de petits agriculteurs.

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