Goncourt hippique (« À flux détendu »)

La course d’obstacles est arrivée à son terme. Et c’est donc *Boussole* (Actes Sud) l’heureux gagnant.

Christophe Kantcheff  • 4 novembre 2015
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Goncourt hippique (« À flux détendu »)

La course d’obstacles est arrivée à son terme. Et c’est donc Boussole (Actes Sud) l’heureux gagnant, avec pour récompense foin à volonté et écurie douillette. Son jockey, Mathias Enard, a été au régime sec chez Drouant le 3 novembre, puisque le récipiendaire du prix n’a pas le droit de déjeuner avec les jurés pendant que ceux-ci décident du sort des quatre finalistes. Mais il va pouvoir faire quelques excès dans les jours qui viennent. Les pronostiqueurs chanceux aussi sont ravis. La plupart avaient dû surmonter un premier mouvement de déception. Leur favori s’était fait sortir avant même la dernière ligne droite : 2084 (Gallimard), de Boualem Sansal. Comme quoi leur compétence de parieurs n’est pas toujours éclatante. La semaine dernière, la revue professionnelle Livres hebdo a joué les bookmakers, donnant à lire les paris de seize amis turfistes, ou dénommés «  critiques littéraires ». Le cheval qui avait la plus petite cote était les Prépondérants (Gallimard), drivé par Hédi Kaddour, avec 9 voix sur 16. « Il l’aura », assuraient-ils. Les autres étaient des outsiders à grosse cote : Titus n’aimait pas Bérénice (POL), de Nathalie Azoulay, et Ce pays qui te ressemble (Stock), de Tobie Nathan. Mais Boussole était le poulain de cœur. 7 voix sur 16 disaient que c’était lui qui le méritait parce que, expliquait l’une d’elles, il « est sublimé par un poignant suspense amoureux ». « L’énergie de Sarah est extraordinaire », « son érudition est extraordinaire »  : ces deux phrases dans la même page, en effet ça sublime… Voici donc la victoire du cheval littéraire avec ce roman gonflé à l’hélium de la culture savante. Champagne ! Le patron du haras jubile : Actes Sud ajoute un prix Goncourt à celui glané il y a peu, en 2012 avec Jérôme Ferrari. Et dans les librairies, on jure que ce n’est pas encore cette fois qu’on achèvera les chevaux…

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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