«État d’urgence social»: les précaires manifestent demain

Quatre associations de chômeurs appellent à manifester contre le chômage et la précarité.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 4 décembre 2015 abonné·es
«État  d’urgence social»: les précaires manifestent demain
© Photo : Manifestation à Paris, le 20 mars 2014 (Citizenside.com/Valentina Camozza)

Les chômeurs sont appelés à manifester, samedi 5 décembre, pour le treizième rassemblement annuel contre le chômage et la précarité. Le collectif de quatre associations – Agir ensemble contre le chômage (AC!), la CGT-Chômeurs, le Mouvement National des Chômeurs et des Précaires (MNCP), l’Association pour l’Emploi et l’Information et la Solidarité des chômeurs et travailleurs précaires (APEIS) – à l’initiative de cette manifestation déclare un «état d’urgence social», et souhaite ainsi faire entendre ses revendications.

Philippe Villechane porte-parole de l’APEIS, revient sur les revendications de la manifestation, avec une première exigence, celle de l’emploi. Mais «si la société n’est pas en mesure d’apporter du boulot, explique le porte-parole d’APEIS, elle doit apporter un revenu permettant à ces personnes de vivre, et non de survivre» .

«Permettre d’avoir une vie sociale»

La gratuité des transports en commun est aussi au programme de cette lutte contre la précarité. Si cette mesure est déjà mise en place dans quelques régions, notamment en Île-de-France, Philippe Villechane souligne qu’elle se concentre uniquement sur les personnes qui touchent un revenu minimal (un peu plus de 400 euros) et demande un élargissement afin que davantage de chômeurs puissent en bénéficier.

«L’accès gratuit aux transports peut permettre de se rendre à un emploi, à l’administration ou tout simplement de ne pas être assigné à résidence et d’avoir une vie sociale. Il s’agit de pouvoir bouger sans avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, puisqu’une amende peut amener à la rue. Lorsqu’elle n’est pas payée immédiatement, elle atteint rapidement des sommes impossible à payer.»

Le collectif, réclame également l’augmentation de la prime de Noël, qui est, depuis dix ans, fixé à 152 euros. L’élargissement de cette prime est aussi demandé, «puisque là encore, seuls les chômeurs touchant les minimas sociaux peuvent en disposer». D’autres questions autour de la santé et des charges patronales seront aussi posées lors de ce rassemblement.

Une manifestation autorisée

Le porte-parole de l’APEIS, Philippe Villechane, craint cependant que la manifestation, dont le rendez-vous est fixé à 14h Place de Stalingrad (Pairs), ne mobilise pas suffisamment, en raison de l’état d’urgence : «Le rassemblement a bien été autorisé par la préfecture, mais nous recevons des messages de personnes qui s’inquiètent. Certaines pensent qu’une fois sur place, elle peut être interdite.» Partagées par une trentaine d’organisations syndicales, de partis politiques et d’associations – réunis jeudi 3 décembre lors d’une conférence de presse à la Bourse du travail de Paris – ces inquiétudes se sont mêlées à la volonté de lutter contre toute forme de répression visant les mouvements sociaux. «L’état d’urgence, qui devrait viser le terrorisme, vise aussi les mouvements sociaux », a affirmé Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement.

Après les attentats du 13 novembre, la préfecture de police de Paris avait interdit les rassemblements jusqu’au 30 novembre. Depuis cette date elle peut encore prendre des mesures d’interdiction ponctuelles comme celle, annoncée mardi, de manifester autour du Bourget, site de la COP21, et sur les Champs-Elysées jusqu’au 13 décembre.

Société
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