Propos anti-musulmans : Éric Zemmour écope d’une amende

Michel Soudais  • 17 décembre 2015 abonné·es
Propos anti-musulmans : Éric Zemmour écope d’une amende
© Photo: Arrivée d'Eric Zemmour, le 14 janvier 2011, au tribunal de Paris, où il comparaissait pour provocation à la haine raciale (AFP PHOTO / MARTIN BUREAU).

Le polémiste Éric Zemmour a été condamné jeudi à 3 000 euros d’amende pour provocation à la haine envers les musulmans, pour des propos au journal italien Corriere Della Sera en octobre 2014. Le parquet avait requis 10 000 euros d’amende.

Dans cet entretien, passé inaperçu avant que Jean-Luc Mélenchon en révèle la teneur sur son blog (Lire ici, ou encore ici), le polémiste, alors en pleine promotion de son livre le Suicide français (Albin Michel), déclarait notamment que les musulmans « ont leur code civil, c’est le Coran » , qu’ils « vivent entre eux, dans les banlieues. Les Français ont été obligés de s’en aller » . Et ajoutait:

« Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation de peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent pas vivre à la française. »

Lors de l’audience devant le tribunal correctionnel de Paris , Éric Zemmour, déjà condamné en 2011 pour provocation à la haine[^2], avait soutenu qu’il parlait de « musulmans en banlieue qui s’organisent » et qui, selon lui,  «sont en voie de sécession » .
Ces propos « stigmatisants » , « sans nuance » , visaient « l’ensemble de la communauté musulmane » , avait estimé la procureure Annabelle Philippe dans son réquisitoire.

Le tribunal a eu la même appréciation , car « à aucun endroit de l’interview » il ne réduit son propos à « une fraction seulement » des musulmans. L’ensemble du propos de Zemmour « repose sur un postulat éminemment clivant » : « que la communauté musulmane s’opposerait, par essence et par culture, aux Français ou au peuple français » , pour les juges:

« Sous couvert de relater une évolution inéluctable, Éric Zemmour propose en réalité à ses lecteurs la seule option susceptible à ses yeux d’éviter la guerre civile, (…) un départ organisé et forcé de France de la communauté musulmane dans son entier. »

Le tribunal étrille la « sémantique à la fois guerrière et catastrophiste » , qui dénote chez lui « le passage conceptuel d’une réalité probable à une solution à la fois crédible et souhaitable » .

Son jugement, contre lequel Me Olivier Pardo, avocat d’Éric Zemmour, va faire appel, condamne le polémiste à verser en sus de la peine d’amende, selon les cas, 1 ou 1 000 euros de dommages et intérêts à des associations parties civiles, auxquels s’ajoutent les frais de justice, soit au total 13 003 euros.


[^2]: Il avait déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait » .

Police / Justice Société
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