« Pas une seule nuit de repos pour le gouvernement »

Une action contre la loi travail, le plan Hirsch ou encore le décret Socle de la SNCF était organisée ce jeudi dans Paris, en marge de Nuit debout.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 21 avril 2016
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« Pas une seule nuit de repos pour le gouvernement »
© Photo : Chloé Dubois, le 21 avril 2016 devant l'hôpital de la Pitié Salpêtrière

Réunie à Toulouse ce week-end, la Coordination nationale des étudiants a discuté stratégie. Au programme, l’organisation des prochains rassemblements (du 26 et 28 avril, puis du 1er et du 3 mai) pour contribuer à accélérer le rythme de la mobilisation «plutôt que de jouer à saute-mouton entre les dates».

«Nous nous sommes rendus compte que le mouvement était structuré et organisé, mais que nos actions n’étaient pas toujours visibles», explique Lucie, l’une des porte-paroles de la CNE, mandatée pour quinze jours. En effet, de nombreux événements sont organisés partout en France, mais peu sont relayés dans les médias. Et la Coordination l’a promis dans son communiqué «il n’y aura plus un seul jour ou une seule nuit de repos pour le gouvernement et le Medef».

Ce jeudi matin, sur le parvis de la gare d’Austerlitz, peu de monde est au rendez-vous. «Nous sommes obligés de nous cacher, sinon, nous sommes encerclés avant même le début de l’action», commente Ilhame, elle aussi porte-parole, aux côtés de Lucie et Manon pour qui cette action vise à démontrer que «les vacances ne sont pas synonymes du désengagement des étudiants, mais permet au contraire de nous unir et de préparer la convergence des luttes avec les travailleurs».

Installés dans les cafés ou assis sur les sièges de la gare, les contestataires se préparent à la manifestation en toute discrétion, incognito, ou presque. Si cette action n’a pas été publiquement annoncée, les policiers sont déjà déployés dans les rues adjacentes.

Finalement réunis près des rails, sans toutefois bloquer les trains, les manifestants entament leurs chants de revendications et appellent les cheminots à les rejoindre. Distribution de tracts, interventions au micro pour expliquer l’objet de cette intervention et promenades dans les couloirs de la gare ne font pas sourire tous les voyageurs, mais permettent de sensibiliser à la convergence des luttes. Organisée par les membres de la coordination francilienne des étudiants et de la commission «Grève générale» du mouvement Nuit debout, la manifestation permet de témoigner de la solidarité du mouvement à l’égard des travailleurs de la SNCF qui seront en grève le 26 avril contre le décret-socle et la nouvelle convention collective.

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Escorté par les CRS et rejoint par quelques cheminots, le cortège se dirige finalement vers l’hôpital de la Salpêtrière dans l’intention d’effectuer une même opération de sensibilisation. Cette fois, il s’agit de se montrer solidaire vis-à-vis du personnel hospitalier mobilisé contre le plan Hirsch.

Fidèles «compagnons de route» depuis le début de la contestation, les policiers sont désormais presque aussi nombreux que les manifestants et bloquent l’accès au site de l’hôpital. Agacée, Ilhame dénonce une «présence illégitime»

L’État d’urgence légitime la présence policière, et nie l’urgence sociale. C’est pour faire taire les gens. Mais secrètement, nous sommes beaucoup à espérer qu’ils retirent leurs casques.

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Une volonté qui, sans surprise, n’est pas exaucée. Au contraire, les CRS continuent de s’opposer aux manifestants, bien que le cortège souhaite seulement traverser le complexe et entamer des négociations. Empêchés, ils décident finalement de prendre le métro, mais là encore, font face aux boucliers. Après avoir pris la rue et bloqués la circulation, les négociations reprennent. De nouveau, le cortège se trouve devant les grilles de l’hôpital, en chanson : «Avec la loi El-Khomri / On s’ra précaire tout notre vie / Plus facilement licencié / Ça ne peux plus durer / On doit se mobiliser.»

Quarante-cinq minutes plus tard, les grilles s’ouvrent enfin sous les applaudissements de la petite foule encore encerclée par les CRS. Malgré l’autorisation de traverser l’hôpital, les manifestants demeurent particulièrement contrôlés. Indignée d’un tel dispositif, une femme présente sur le site n’hésite d’ailleurs pas interpeller les CRS et à exprimer sa colère : «Vous êtes ridicules ! Je reviens d’Égypte, et même là-bas, ça n’est pas comme ça.» Devant, derrière ou sur les côtés, moins d’un mètre séparent les CRS entre eux. Pas plus d’espace n’est permis avec le reste du cortège.

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Malgré tout ça, l’action se déroule comme prévue. Aux fenêtres, les membres du personnel saluent le cortège et prennent les tracts distribués par les étudiants et quelques bouteilles d’eau sont distribuées en retour.

Dispersés au métro Chevaleret, les manifestants promettent d’autres types d’actions dans les prochains jours tandis que deux policiers bavardent tranquillement devant cette affiche publicitaire :

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Politique Travail
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