Contre le 49.3 : des centaines de manifestants devant l’Assemblée

Des centaines de personnes se sont rassemblées mardi devant l’Assemblée nationale à l’appel de Nuit debout afin de protester contre le recours à l’article 49-3 pour faire passer la loi travail. Les manifestants, qui ont envahi la chaussée, bloquaient à 18H00 la circulation sur le pont de la Concorde. Plusieurs camions de CRS leur faisaient face, leur interdisant l’accès au Palais Bourbon.
« Tout le monde emmerde le 49-3 », « la vraie démocratie, elle est ici », « Assemblée nationale assemblée du capital », chantaient les manifestants en tapant dans leurs mains. Des slogans tels que « libérez le Parlement » ou « Hollande démission » se faisaient également entendre.
Cette manifestation avait été appelée dans un mail titré « Ensemble refusons le 49.3 ! », envoyé dans l’après-midi sur les listes de Nuit Debout. Rédigé avant l’officialisation de l’engagement de responsabilité du gouvernement sur le projet de loi Travail, ce mail dénonçait par avance tout « passage en force » :
Ce déni de démocratie après un mouvement social qui a regroupé des centaines de milliers de personnes dans la rue, dans les entreprises, les universités, les lycées et sur les places de France est une insulte au peuple de ce pays. (…) Si Manuel Valls persiste dans cette voie, nous répondrons par tous les moyens légitimes en proportion au mépris affiché. Nous appelons toutes et tous les démocrates à se mobiliser contre cette dernière attaque contre nos droits sociaux et notre démocratie. Démocrates, debout !
Foule très impressionante devant l'AN contre la #LoiTravail et le 49-3. Ambiance pré-révolutionnaire. #NuitDebout https://t.co/90x89LOMeJ
— Clément Sénéchal (@ClemSenechal) May 10, 2016
Plusieurs organisations politiques ont appelé à se joindre à cette protestation.
« La mobilisation continue que ce soit dans le cadre de Nuit debout ou de la journée du 12 mai regroupant l’intersyndicale et les organisations de jeunesse », affirme Ensemble ! dans un communiqué. « Le passage en force de M. Valls, comme pour la loi Macron en 2015, ne doit pas rester sans réponse. Il passe par le dépôt d’une motion de censure de gauche », poursuit le texte qui appelle à « riposter dès maintenant », notamment en participant au rassemblement devant l’Assemblée nationale.
Dans un bref communiqué, Jean-Luc Mélenchon qui voit dans le recours au 49.3 une « fin de règne crépusculaire », a implicitement appelé à se joindre aux manifestations : « Qui veut l’empêcher doit voter la censure! Pas d’élégance des dégoûtés face aux dégoûtants. Oui il faut des manifestations du front du refus le jour du vote. Et dès maintenant. »
Par la voix de son secrétaire national, Pierre Laurent, le PCF a également appelé à « mettre en échec ce coup de force (…) d’une inacceptable brutalité » : « J’appelle, dans l’unité la plus large à faire échouer ce déni de démocratie en exigeant le retrait de la loi. J’appelle les parlementaires de gauche à constituer et à voter une motion de censure de gauche. Partout, faisons entendre notre colère contre ce recul majeur de nos droits sociaux. La loi Travail doit être retirée. »
La journée de mobilisation du 12 mai prend une autre dimension, elle doit être une vraie journée de grève interprofessionnelle pour commencer à bloquer le pays pour censurer le gouvernement et sa loi, conclut son communiqué. Dans la foulée occupons les places pour décider ensemble des suites de la mobilisation pour gagner.
« L’épreuve de force est désormais plus que jamais engagée ! » affirme pour sa part le NPA pour qui « le gouvernement n’a aucune légitimité pour imposer [la loi travail] à une population qui la rejette massivement ». L’organisation anti-capitaliste appelle à « amplifier les mobilisations » et à se retrouver « massivement devant l’Assemblée nationale ».
De son côté, sans appeler à manifester, EELV dénonce également le recours au 49.3 : « Cet artifice institutionnel pour faire adopter un texte massivement rejeté par la population et contraire aux engagements de campagne du candidat Hollande ne peut que renforcer la défiance dans nos institutions. Il est nécessaire dans notre démocratie de revitaliser le Parlement dans le cadre d’une sixième République. »
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