Avignon off : 1 400 pièces, record battu !

La manifestation marginale s’offre un nouveau président et promet des changements.

Gilles Costaz  • 29 juin 2016 abonné·es
Avignon off : 1 400 pièces, record battu !
© Photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP.

Encore une fois, le nombre de spectacles donnés dans le festival off bat le record de l’année précédente. Il y avait 1 300 pièces environ en 2015. On en est pour l’instant – en prévoyant une vingtaine d’arrivées de troupes au dernier moment – à 1 416 ! Un pactole pour les Avignonnais qui louent des lieux et en profitent abondamment, la ruine assurée pour 90 % des compagnies, qui ne rentreront dans leurs frais que si elles décrochent des achats de la part de programmateurs. Lesquels écument les salles du off mais, bien sûr, ne pourront aller partout.

Le chant de Mistral souffle sur Avignon

En 1897, il n’y a pas encore de Festival d’Avignon, mais Avignon existe dans les vers de Frédéric Mistral, qui publie son Poème du Rhône en provençal. Depuis, Mistral a été recouvert d’une gloire déclinante (malgré le Nobel en 1904).

Claude Guerre vient de traduire le long poème rhodanien pour en donner une édition bilingue, nous offrant l’occasion de penser à Mistral pendant cette 70e édition du festival et de reconsidérer nos lacunes : ce poème-récit est à la fois chant, tableau social, fable, philosophie profonde et galéjade supérieure. Le texte français de Claude Guerre fait étinceler les mots de ce voyage pictural, écrit en un temps où les mariniers voyaient surgir, le long des chemins de halage chers à Rimbaud, de grandes embarcations à moteur qui allaient mettre tant de pauvres hercules au chômage.

Quelles hautes vagues soulève le chant de Mistral ! z G. C.

Le Poème du Rhône, de Frédéric Mistral, traduction du provençal par Claude Guerre. Actes Sud, 298 p., 23 euros.

On fêtera donc cette année le 50e anniversaire du festival marginal. En 1966, André Benedetto, suivi l’année d’après par Gérard Gelas, défiait le festival de Jean Vilar en créant une première pièce hors des grands lieux du in. Il n’y avait qu’une pièce dans le off, et pas plus d’une douzaine dans le in ! Cet anniversaire ne donnera pas lieu à de grandes commémorations. L’attachant Benedetto est mort en 2009, et la manifestation, par nature anarchique, ne fait pas dans la nostalgie.

LIRE >> Avignon : Le monde brûle les planches

Ce qu’on remarquera surtout, c’est le changement à la tête du off. Greg Germain, dont la personnalité est marquée par l’attachement à la diversité (il dirige le théâtre du Verbe incarné, lieu où se retrouvent les Antilles, l’Afrique, les troupes d’ailleurs), s’est retiré après un long mandat. Arrive Raymond Yana, patron de l’Espace Alya, responsable de la chaîne Festi TV, lequel compte bien imprimer un nouveau style à cet événement qui, sur bien des points, se gère par lui-même. Yana proclame des changements : plus de professionnalisation (les troupes d’amateurs seront mieux désignées comme telles dans les programmes) ; plus de -focalisation sur les auteurs ; plus de débats organisés par les équipes elles-mêmes ; plus de conscience écologique.

L’affichage classique, qui consiste simplement à suspendre ses posters dans la rue, reste autorisé, mais les affiches papier et carton pourraient disparaître dans certains quartiers ! Dans ce domaine, la réflexion est en marche : une autre forme d’information est à l’étude, qui remplacerait ce colossal gâchis de papier qui désespère les services municipaux.

Cette fois encore, le off, qui débute avec un jour de retard sur le in, aura une durée plus longue. Il s’achèvera six jours plus tard. Preuve que la collaboration entre les deux manifestations, tant souhaitée, est toujours -balbutiante.

Théâtre
Temps de lecture : 2 minutes