Attentat de Nice : des complices inconnus des renseignements.
Les enquêtes après l’attentat du 14 juillet, à Nice, ont rebondi jeudi sur deux fronts. Dans le volet judiciaire, l’ordinateur et le téléphone ont révélé que le tueur avait bénéficié de complicités pour un acte probablement prémédité de longue date. Ce qui contredit les premières hypothèses. D’autre part, la polémique enfle sur les responsabilités de l’État et les effectifs de la police nationale au soir de l’attentat.
Sur le premier volet, des vérités différentes, et passablement contradictoires, apparaissent presque chaque jour. Il est à présent établi qu’aucun des complices présumés du tueur n’était connu des services de renseignement. Il s’agit d’un Franco-tunisien de 21 ans condamné à six reprises pour vols, violence et usages de stupéfiants, d’un Tunisien de 37 ans au casier judiciaire vierge, et d’un autre Franco-tunisien de 40 ans, sans antécédent judiciaire lui non plus.
Ces personnages auraient tous été en relation avec le tueur avant l’attentat, évoquant avec lui par sms la question des armes, ou ayant procédé à ce qui s’apparente à un repérage. Avec eux, un couple d’Albanais, suspecté d’avoir fourni un pistolet à Mohamed Lahouaiej Bouhlel, a également été placé en détention. A ce stade, le procureur de la République, François Molins, a indiqué qu’il n’y avait pas de preuves de liens directs avec Daech, bien que l’organisation djihadiste ait revendiqué l’attentat. Et un seul de ces suspects aurait utilisé une terminologie religieuse dans un sms adressé au futur tueur au lendemain de l’attentat de Charlie-Hebdo : « Je suis content, ils ont ramené les soldats d’Allah pour finir le travail ». Une formule qui, toutefois, ne permet pas de conclure à coup sûr à une radicalité religieuse.
Dans le second volet, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, a ordonné une enquête administrative à l’inspection générale de la police nationale à la suite des articles de Libération accusant le ministre de mensonges à propos du dispositif de sécurité en place au soir du 14 juillet.
Dans ses deux volets, l’attentat du 14 juillet risque fort d’avoir encore des prolongements politiques concernant les effectifs des services de renseignements et le nombre des policiers municipaux et nationaux sur place à Nice. De quoi impliquer au moins autant la période Sarkozy que la gestion actuelle du ministère de l’Intérieur.
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