Éric Coquerel : « Un même label pour les élections »

Côté France insoumise, Éric Coquerel se veut optimiste sur l’architecture de la campagne à venir.

Pauline Graulle  • 30 novembre 2016 abonné·es
Éric Coquerel : « Un même label pour les élections »
© Yann Bohac/Citizenside/AFP

Proche de Jean-Luc Mélenchon, Éric Coquerel voit dans la décision des communistes une confirmation de la stratégie du candidat.

Comment avez-vous réagi à l’annonce du vote des communistes ?

Éric Coquerel : C’est une très bonne nouvelle pour la campagne de Jean-Luc Mélenchon. C’est le signal qu’il existe une dynamique dans le pays, que les communistes ne sont pas en marge de ce mouvement de fond. Beaucoup de communistes étaient déjà représentés dans l’espace politique de France insoumise – Francis Parny, Christian Audouin, une proche de Marie-George Buffet… D’autres se sont exprimés, à travers l’appel de « Front commun » ou de ces maires – de Nanterre, de Gennevilliers, de Bagneux… – qui ont récemment fait savoir qu’ils apporteraient leur parrainage à Jean-Luc Mélenchon. Au PG, on les remercie. Plus il y a de forces qui rejoignent la campagne, comme Ensemble ! la semaine dernière, mieux c’est.

Que comprenez-vous du terme de « campagne autonome » employé par le PCF ?

Déjà, cela signifie que le soutien sans préalable à la candidature de Jean-Luc Mélenchon est acquis. C’est l’essentiel. Ensuite, il faut voir ce que le PCF entend par « autonome ». Dans une lettre, Pierre Laurent évoque sa volonté d’un « cadre collectif de campagne élargi », donc, manifestement, il imagine un lien quand même. Je suppose que la direction du PCF voudra rencontrer France insoumise pour en discuter. Pour notre part, au PG, nous continuons à espérer qu’un maximum de communistes se retrouvent également avec nous sur la même charte, celle de France insoumise, pour la présidentielle et les législatives, et qu’ils s’engagent dans la participation citoyenne à travers les assemblées de circonscription [qui permettent notamment de définir les investitures aux législatives, NDLR]. Il y a eu des discussions avec l’appel Front commun en ce sens, mais aussi avec beaucoup de communistes sur le terrain. Il est essentiel de respecter la dimension citoyenne de la campagne afin de ne pas revenir à un cartel de partis, même si ces derniers, comme le PG d’ailleurs, sont les bienvenus.

Est-ce la peur du PCF de « disparaître » dans France insoumise qui bloque encore ?

France insoumise, c’est une campagne commune avec un même candidat à la présidentielle, un même programme, un même label pour les élections présidentielle et législatives. Il n’a jamais été demandé aux partis de s’y dissoudre. D’ailleurs, le PG continue à avoir sa propre activité. Je crois que jusqu’ici il y avait surtout des différences d’ordre stratégique : nous prônons depuis février une candidature autonome de notre espace politique quand la direction communiste préférait attendre le rassemblement, que je juge impossible, de toute la gauche sur des bases contraires à la politique menée depuis cinq ans. Je vois dans le vote pour Jean-Luc Mélenchon une page qui se tourne, même si la présence d’Olivier Dartigolles [numéro 2 du PCF, NDLR] ce week-end au rassemblement de Bondy avec Martine Aubry et Claude Bartolone m’interroge. Mais je crois quand même que le vote des militants signe un engagement irréversible.

Y a-t-il des points programmatiques que France insoumise pourrait modifier pour satisfaire les communistes ?

D’abord, le programme, qui sort ces jours-ci, va continuer à être enrichi dans des livrets thématiques. Les communistes « insoumis » y participent déjà. Il reste donc du travail à faire auquel chacun peut contribuer. Ensuite, nul n’est censé être d’accord à 100 % avec un programme pour le soutenir.

Ce soutien du PCF valide-t-il la stratégie de Jean-Luc Mélenchon ?

Très certainement. Ça valide le fait qu’il ait souhaité partir en campagne dès février dernier, de ne pas avoir attendu la primaire pour se retrouver embarqué dans un mauvais feuilleton où on n’a aucune visibilité… Certains au PS espéraient voir le PCF les rejoindre dans la primaire, c’est raté : ce qui fédère, c’est la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Et elle pourrait fédérer au-delà des communistes ou d’Ensemble !, du côté d’EELV ou du MRC, par exemple, et surtout des dizaines de milliers de personnes qui n’ont aucun engagement partidaire…

Éric Coquerel Coordinateur du Parti de gauche (PG).

Pour aller plus loin…

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »
La Midinale 17 octobre 2025

« Censure ou pas, il faut s’en prendre aux pouvoirs présidentiels »

Après le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement Lecornu jeudi 17 octobre, Raquel Garrido, ancienne députée et cofondatrice de L’Après, est l’invitée de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes
Analyse 16 octobre 2025 abonné·es

À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes

Le premier ministre échappe aux censures. Chez les socialistes, la fronde n’a pas vraiment eu lieu. Et la gauche se retrouve écartelée entre deux pôles. 
Par Lucas Sarafian et June Geffroy
« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »
Politique 15 octobre 2025

« Censurer cette semaine est sans doute la dernière occasion d’obtenir une dissolution avant 2027 »

Après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu et l’annonce de la non-censure par le PS, Rémi Lefebvre, politologue, professeur à l’université de Lille et à Sciences Po Lille, est l’invité de « La Midinale ».
Par Pablo Pillaud-Vivien
Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires
Économie 15 octobre 2025 abonné·es

Taxe sur les holdings : Lecornu épargne les milliardaires

Lors de son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a affirmé avoir entendu le désir, au sein de la population, d’une meilleure justice fiscale reconnaissant même une « anomalie » au sein de la fiscalité des plus fortunés. Sa réponse : une taxe sur les holdings qui ne répondra absolument pas au problème.
Par William Jean et Pierre Jequier-Zalc