EELV favorable à l’union… sous conditions

La victoire de Benoît Hamon à la primaire du PS bouscule la stratégie solo de Yannick Jadot et du parti écolo.

Hugo Boursier  • 2 février 2017 abonné·es
EELV favorable à l’union… sous conditions
© Photo : ALAIN JOCARD / AFP

Les écologistes veulent saisir l’opportunité politique d’un rassemblement, mais pas s’enfermer à nouveau dans le piège socialiste. Lundi, sur BFMTV, Yannick Jadot a déclaré : « Si Benoît Hamon est prêt à s’émanciper d’un PS qui n’a jamais fait sa conversion écologiste (…), moi, je militerai, y compris au sein de ma force politique, pour que nous nous lancions aussi dans cette grande aventure de l’écologie et du social. »

Le lendemain, les deux candidats ont déjeuné en tête-à-tête. « Ils ont acté des convergences, et ont confirmé l’envie de faire ensemble », annonce le porte-parole d’EELV, Julien Bayou. « Il y a de plus en plus d’indices qui montrent la volonté de Benoît Hamon de tenir sa ligne », avance-t-il, alors que certains membres du gouvernement, proches de Manuel Valls, comme Bernard Cazeneuve et Jean-Marie Le Guen, l’exhortent de « changer son rapport au bilan du quinquennat ».

Pas de compromis

Le rapport de force est encore incertain au sein du PS. Pas question donc pour Yannick Jadot de faire des compromis. « Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils », a-t-il assuré dans un entretien au Monde.

Il faut dire que le quinquennat de François Hollande n’a pas épargné le parti des écologistes. Mort de Rémi Fraisse, Notre-Dame-des-Landes, nucléaire, désaccords publics entre Cécile Duflot et Manuel Valls notamment sur les Roms, scission orchestrée depuis l’Élysée avec les départs de Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili et François de Rugy, les deux premiers entrant au gouvernement, débauchage d’Emmanuelle Cosse…

Ces événements restent en travers de la gorge de beaucoup de militants écologistes, et suscite forcément une grande méfiance. Du reste, la ligne d’Hamon attire les personnalités et les élus. Le dernier soutien en date ? Nicolas Hulot, qui avait voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012. Son soutien va désormais vers l’ex-ministre de l’Éducation. « Il a montré qu’on pouvait être socialiste et avoir une vision lucide, clairvoyante et ambitieuse sur l’écologie », a-t-il déclaré, alors que plusieurs pétitions appellent à une candidature commune entre Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, soutenues notamment par Noël Mamère, député de Gironde, et Michèle Rivasi, députée européenne EELV.

« Rassembler la gauche et les écologistes »

Le vainqueur de la primaire du PS a annoncé, dans son discours de victoire dimanche soir, vouloir « rassembler la gauche et les écologistes », en leur proposant « une majorité gouvernementale cohérente et durable ».

La cohérence, c’est justement ce que demandent les écologistes à Benoît Hamon, en « s’exonérant du PS », comme le confirme le secrétaire national d’EELV, David Cormand. « S’il souhaite rassembler son parti sur une ligne commune avec Valls, ce sera sans les Verts », explique-t-il. Mais s’il poursuit cette « recomposition politique inédite », et qu’il fait « le choix d’assumer son projet avec clarté et cohérence, alors cela laisserait un timing adapté pour faire des projets ensemble », prévient le numéro un d’EELV. Et Julien Bayou d’abonder : « Tant que nous sommes en accord avec le projet, il n’y a rien d’impossible pour l’avenir. »

Un avenir qui reste à écrire. Les écologistes d’EELV sont d’autant plus attentifs au positionnement de Benoît Hamon que Yannick Jadot n’a toujours pas ses 500 parrainages. Le candidat écologiste a assuré sur BFMTV en avoir 350. Or passer cet obstacle est un élément déterminant pour la suite, avec les législatives en ligne de mire.

Lignes de fractures

C’est « la vraie question », pour l’ex-patron d’EELV, Pascal Durand, qui se demande si « les cadres du PS, d’EELV et de la France Insoumise peuvent se mettre autour de la table ». « Avec qui discuter ? », s’interroge Julien Bayou, qui observe, derrière Hamon, les lignes de fractures avec les députés socialistes plus à droite.

Yannick Jadot a maintenu qu’il « n’excluait pas de discuter avec Jean-Luc Mélenchon », même s’il existe des différends importants, notamment sur la diplomatie internationale et le rapport à l’Europe.

Pour l’élu écologiste Alexis Braud, « Mélenchon pense qu’il n’y a qu’une solution pour faire les choses », explique-t-il, « nous pensons que les choses ne se font pas par en haut et qu’il faut construire avec les citoyens. C’est une opposition fondamentale, car cette différence d’approche change votre vision du monde ». Les discussions ne font donc que commencer.

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