Jadot rallie Hamon… si les militants le veulent bien !

L’accord passé entre les candidats EELV et PS a de quoi satisfaire les militants écologistes. Encore faut-il qu’ils avalisent l’annonce du retrait de Jadot de la course présidentielle pour soutenir Hamon.

Patrick Piro  • 24 février 2017 abonné·es
Jadot rallie Hamon… si les militants le veulent bien !
© Photo : FRANCOIS GUILLOT / AFP

Au jeu de la politique, il est bon de souffler le froid sur le chaud pour grappiller quelques avantages supplémentaires. C’est ce qu’auront obtenu la direction d’EELV et candidat écologiste à la présidentielle. La mise au point de l’accord avec Benoît Hamon, attendue depuis plusieurs jours, semblait-elle acquise dès le début de la semaine ? David Cormand, secrétaire national EELV jugeait pourtant qu’on en était « encore loin ». Puis Yannick Jadot annonçait avoir passé la barre des 500 parrainages, ce qui le mettait en position de maintenir sa candidature. Et l’horloge tournait… Résultat : quatre pages d’un « projet de plateforme présidentielle » dont les écologistes peuvent se féliciter, car l’équipe du candidat Hamon a fini par céder sur le principal point de résistance : la définition d’une nouvelle constitution qui serait bel et bien votée lors de la prochaine mandature.

Notamment, la proportionnelle serait instaurée, un poste de vice-Premier ministre au développement durable créé, le vote aux élections locales octroyé aux étrangers… L’accord contient aussi une sortie du nucléaire en vingt-cinq ans, l’arrêt du projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, une taxe carbone… Le rejet du Ceta et des autres accords de libre-échange, une convergence fiscale dans l’Union, une politique migratoire européenne digne, 1 000 milliards d’euros pour un plan d’investissement dans la transition énergétique au niveau européen, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France… Des plans « zéro déchet », la sortie programmée de l’incinération, une TVA modulée selon la durabilité produits et de la facilité à les recycler, ou les réparer… L’abandon des projets d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et de ligne ferroviaire Lyon-Turin… La sortie du diesel pour les véhicules légers à l’horizon 2025, l’interdiction des pesticides et des perturbateurs endocriniens, le développement intensif du bio dans la restauration collective, la légalisation du cannabis… L’abrogation de la loi travail, plus de pouvoir aux salariés dans les entreprises, un revenu minimum d’existence démarrant à 600 euros par mois avec accès pour les 18-25 ans… De nouveaux droits pour les animaux, la fin des exploitations d’élevage industrielles…

Et les législatives ? L’accord comprenait aussi une négociation sur ce chapitre ce qui a contribué à en retarder la mise au point. Avec le recul de son influence électorale, EELV obtient moins du PS qu’en 2012. Si les circonscriptions de ses huit députés sortants restent « protégées », seulement dix autres raisonnablement « gagnables » seront réservées à une candidature écolo. EELV a notamment réussi à sauver la soldate Cécile Duflot, qui tenait à pouvoir se représenter dans la très confortable 6e circonscription de Paris (elle l’avait emportée avec 72 % des voix en 2012).

La cuisine politique a donc pris sa part dans l’accord, comme il fallait s’y attendre. Et l’annonce immédiate du retrait de Yannick Jadot et de son ralliement à Benoît Hamon est également un coup tactique ajusté : avec ce ralliement, le candidat socialiste réplique immédiatement à l’association Bayrou-Macron et met la pression sur Jean-Luc Mélenchon. Dont acte : les deux rivaux de gauche vont finalement reprendre langue dimanche ou lundi, et en présence de Jadot.

Reste le grain de sable possible : les 17 000 sympathisants qui ont désigné Jadot lors de la primaire écologiste, après avoir donné mandat à leur candidat il y a dix jours pour négocier avec Hamon et Mélenchon, sont à nouveau invités à se prononcer, jusqu’à lundi, sur le projet de plateforme ainsi que sur le désistement de Jadot – la première absence d’un écolo au premier tour de la présidentielle depuis René Dumont en 1974 –, mais aussi l’élargissement de l’accord (à Mélenchon, au PCF, etc.). Certes, on n’imagine pas ce corps électoral bouder majoritairement la très honorable sortie de son candidat (crédité de 1 % à 2 % par les sondages), même si l’on peut s’attendre à un mouvement d’humeur devant l’inélégance consistant à le rabaisser à une chambre d’enregistrement. Mais ce public a montré par le passé combien il pouvait être imprévisible…

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