Mélenchon : « Il est venu le temps des hologrammes »

Le candidat de La France insoumise était dimanche en meeting à Lyon et à Aubervilliers où son hologramme était retransmis en direct. Un coup de com’ réussi qui a séduit un public plutôt jeune.

Malika Butzbach  • 6 février 2017
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Mélenchon : « Il est venu le temps des hologrammes »
© Photo : Malika Butzbach

O ù je suis ? À Lyon et maintenant… à Paris ! » Dans une lumière bleue, l’hologramme de Jean-Luc Mélenchon apparaît sur scène. « On dirait Obiwan Kenobi dans Star Wars », rigole Taddéo. Dans le public massé dans une salle des anciens Magasins généraux, à deux pas du périphérique parisien, l’étudiant en informatique est aux anges : « Il a parlé de mes sujets préférés ! Et puis il faut avouer que cet hologramme, c’est une prouesse technique. » Ce meeting d’un nouveau genre, où le candidat était en live à Lyon et son image projetée en 3D à Paris, a été l’occasion pour le candidat d’exposer ses propositions sur la mer, l’espace et le numérique.

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Dans la salle, les tubes de Damien Saez sont repris par des nombreux jeunes, les plus vieux, eux, fredonnent les chansons de Jacques Brel. Raphaël est venu avec son père Mathieu, qui soutient Mélenchon depuis 2012. Pour le collégien, l’hologramme est un plus. « C’est impressionnant », explique-t-il. Son père a plus de réserves : il est surtout venu ici en soutien et pour écouter son candidat.

Alors, que sont venus voir les 6 000 personnes présentes, l’homme ou l’hologramme ? « Les deux », répondent Antonin et Maxime. Étudiants ingénieurs, l’exploit technologique les intéressent mais ils sont aussi curieux des propositions du candidat sur le numérique. Ils applaudissent lorsque ce dernier déclare qu’« il faut que le jeu vidéo devienne une industrie de pointe de la patrie ».

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Une prouesse technique

Bluffant, c’est le mot qui revient souvent dans la bouche des personnes présentes. « J’avais peur qu’il soit moins charismatique qu’en vrai, rigole Nicolas, 20 ans. Mais je me suis fait du souci pour rien : c’est vraiment bien fait. » La première retransmission en direct par hologramme est réussie : pas un bug ou autre problème technique, seulement deux secondes de décalage.

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Jean-Luc Mélenchon doit se déplacer dans un périmètre de 4×4 mètres sur la scène à Lyon, son image 3D est retransmise sur un rétroprojecteur pour se refléter sur une grande vitre grâce à un miroir incliné à 45 degrés. De près, l’hologramme apparaît un peu aplati et transparent lorsqu’il passe devant les personnes sur scène. Parmi la presse, les photographes pestent. « C’est vraiment pas facile de photographier un hologramme, ça manque d’humain », plaisantent-ils.

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Une campagne tournée vers la technologie et les jeunes

« Il est vrai que c’est un coup de communication, admet Delphine Vannier, chargée des relations presse. Mais c’est aussi un symbole : celui de la confiance en l’avenir. Jean-Luc Mélenchon a une campagne tournée vers le numérique et les jeunes, il utilise beaucoup les réseaux sociaux et YouTube. » Communication plutôt réussie car le hashtag #JLMHologramme arrive en tête sur Twitter. Alice, étudiante, sourit en regardant la revue de presse de la chaîne du candidat, qui ouvre le meeting : « _J’aime bien ses vidéos car il peut vraiment expliquer ses idées en profondeur et en détail, ce qu’il ne peut pas faire dans les médias traditionnels. » De leurs côtés, Adrien et ses copains, venus de Boulogne, en veulent aux journalistes :

On a l’impression que Mélenchon est boycotté à la télévision. La dernière fois que je l’ai vu, c’est sur TF1 lorsqu’il a déclaré sa candidature. Depuis plus rien, les primaires ont pris toute la place. Du coup j’ai regardé sa chaîne.

Comme pour lui donner raison, LCP, I-télé et BFMTV interrompent leur direct du meeting pour passer celui de Marine Le Pen.

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C’est en chanson que Mélenchon termine son meeting. En l’honneur de Lyon, il entonne la chanson des Canuts. À Paris, Samy, militant lillois, l’imite. Un chant du XIXe siècle par un hologramme ? « C’est aller de l’avant avec la tradition et la culture de la lutte. »

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