Mineurs isolés étrangers : Que fait la France ?

Le doute sur la minorité des jeunes réfugiés arrange trop souvent les administrations, qui rechignent à les prendre en charge.

Ingrid Merckx  et  Vanina Delmas  • 1 février 2017
Partager :
Mineurs isolés étrangers : Que fait la France ?
© Photo : Gail Orenstein/NurPhoto/AFP

Est-on moins un enfant quand on arrive seul en France d’un pays étranger ? Quand on a 18 ans et 2 mois plutôt que 17 ans et 9 mois ? La majorité, c’est le couperet pour les mineurs isolés étrangers (MIE). Avant, ils sont des enfants, pris en charge au titre de la protection de l’enfance, ont droit à un abri, à une éducation, à des soins médicaux et sociaux. Après, ils sont considérés comme des adultes en situation irrégulière, sauf s’ils obtiennent un contrat jeune majeur.

Pour ces jeunes, faire la preuve de leur minorité est une mission quasi impossible après un périple long et dangereux au cours duquel ils ont parfois pu perdre ou se faire voler leurs papiers. Même s’ils en possèdent, ceux-ci doivent être authentifiés, comme le relate Rozenn Le Berre (voir entretien), ancienne éducatrice qui dénonce les effets pervers de l’évaluation conditionnant la prise en charge des mineurs.

En France, aujourd’hui, le doute arrange les administrations, qui rechignent à prendre en charge un nombre croissant de MIE. Lesquels se retrouvent souvent à la rue, proies faciles pour les réseaux de traite et de prostitution. Des collectifs de citoyens s’organisent pour les accompagner, protester, dénoncer ce qui relève de la maltraitance. Mais la soixantaine de centres d’information et d’orientation pour mineurs isolés ouverts au moment du démantèlement de Calais devaient fermer au bout de trois mois. C’est-à-dire le 1er février. Et ils seront encore plus nombreux à dormir dehors, à retenter la périlleuse traversée vers l’Angleterre ou à craindre l’arrivée de la police dans un foyer inadapté à leur situation.

À retrouver dans ce dossier :

Des enfants en danger

Parcours de combattants

Entretien avec Rozenn Le Berre : « On considère qu’à 18 ans et demi on n’a plus besoin d’être protégé »

Société
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Dans 56 journaux télévisés, moins de 3 minutes sur Gaza
Palestine 12 novembre 2025 abonné·es

Dans 56 journaux télévisés, moins de 3 minutes sur Gaza

Un mois après le « plan de paix » signé sous l’impulsion de Donald Trump, Benyamin Netanyahou a relancé les bombardements sur Gaza, en violation de l’accord. Depuis trois semaines, les médias français semblent passer sous silence la reprise de l’offensive israélienne.
Par Kamélia Ouaïssa
« À la Philharmonie de Paris, le public nous a littéralement lynchés »
Palestine 11 novembre 2025

« À la Philharmonie de Paris, le public nous a littéralement lynchés »

Jeudi 6 novembre, le collectif Palestine Action France a perturbé la tenue du concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris. Des militants se sont fait violemment frapper par des spectateurs. Pour la première fois, une participante prend la parole pour expliquer sa version des faits.
Par Pierre Jequier-Zalc
Philharmonie de Paris : le contenu des deux plaintes pour violence volontaire
Révélations 10 novembre 2025

Philharmonie de Paris : le contenu des deux plaintes pour violence volontaire

Lors de l’action contre la tenue du concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris, jeudi 6 novembre, deux militants propalestiniens se sont violemment faits frapper. Blessés, ils ont porté plainte pour violence volontaire.
Par Pauline Migevant et Pierre Jequier-Zalc
Expulsion illégale : une famille porte plainte contre le préfet des Hautes-Alpes
Enquête 5 novembre 2025 abonné·es

Expulsion illégale : une famille porte plainte contre le préfet des Hautes-Alpes

Une plainte pour « abus d’autorité » a été déposée contre le préfet des Hautes-Alpes par une famille expulsée illégalement en septembre. Celle-ci était revenue en  France traumatisée et la mère avait fait une fausse couche, attribuée au stress causé par l’expulsion.
Par Pauline Migevant