Suicide à l’hôpital Georges-Pompidou : un « homicide involontaire » selon l’Inspection du travail

Politis.fr  • 10 février 2017
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Suicide à l’hôpital Georges-Pompidou : un « homicide involontaire » selon l’Inspection du travail
© Photo : THOMAS SAMSON / AFP

Deux informations viennent accroître considérablement la crise qui ébranle l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Selon des informations du Figaro, l’enquête de l’Inspection du travail sur le suicide du professeur Jean-Louis Mégnien, le 17 décembre 2015, a conclu à un « homicide involontaire ». L’Inspection du travail a également saisi le procureur de la République, le 17 janvier, tandis qu’une information judiciaire est ouverte depuis avril pour harcèlement moral.

De retour après neuf mois d’arrêt maladie, le praticien de 54 ans, père de cinq enfants, s’était défenestré. L’enquête avait rapidement mis en lumière le fait que Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, qui regroupe les hôpitaux d’Île-de-France, avait été alerté à plusieurs reprises de traitements humiliants et du « risque suicidaire ». « La complexité d’un acte suicidaire sur le lieu de travail » ne doit pas être « un prétexte pour occulter la façon dont ce collègue a été objectivement maltraité », écrivait le professeur Bernard Granger, chef de service de psychiatrie à l’AP-HP, quelques jours après le drame dans une lettre ouverte à Martin Hirsch.

Ces informations sont publiées quelques jours après un autre drame dans cet établissement. Dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 février, un infirmier de 35 ans se jetait par la fenêtre du huitième étage de l’hôpital Georges-Pompidou. Il s’y est rendu hors de ses horaires de travail et a revêtu sa blouse avant de dévisser une fenêtre pour se jeter dans le vide.

Ces drames font écho aux suicides d’au moins cinq infirmiers cet été à l’échelle du pays, selon un décompte de l’AFP. Ils sont également le reflet tragique d’une crise profonde dans le monde hospitalier. Le 18 janvier, onze urgentistes de l’hôpital Victor-Jousselin, à Dreux, ont annoncé une démission collective pour protester contre des conditions de travail contraires à leurs principes de respect des patients.

Lire > Tribune : Non à une version tayloriste de la médecine !

Plusieurs syndicats de la fonction publique appellent à une grève nationale le 7 mars pour dénoncer « une situation historiquement catastrophique dans nos collectivités […] et dans les services publics ».

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