Europe : À l’origine d’un divorce

Le référendum de 2005 sur le TCE, au résultat bafoué, a semé le scepticisme dans la société et divisé la gauche.

Michel Soudais  • 22 mars 2017 abonné·es
Europe : À l’origine d’un divorce
© photo : JOHN THYS/AFP

Le 29 mai 2005, les Français consultés par référendum rejettent à 55 % le Traité constitutionnel européen (TCE). Trois ans plus tard, faisant fi du vote populaire, Nicolas Sarkozy, avec la complicité du PS et de la majorité de ses parlementaires, modifie la Constitution et fait voter une loi qui permet de ratifier le traité de Lisbonne, copie conforme du texte rejeté lors du référendum. Cet épisode a distillé dans toute la société un profond scepticisme envers nos institutions et la démocratie : à quoi bon voter si le vote est bafoué ?

Il a aussi divisé durablement la gauche. À l’été 2004, François Hollande, premier secrétaire du PS, décide d’organiser un référendum interne pour arrêter la position du parti sur cette constitution européenne. Lui y est favorable et n’a aucune difficulté à convaincre sa majorité, à l’exception notable de Laurent Fabius. Ce dernier va faire campagne pour le « non » avec la gauche du PS, alors éclatée en deux courants, le « Nouveau Parti socialiste » (NPS), dirigé par Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, et « Nouveau Monde », du tandem Henri Emmanuelli-Jean-Luc Mélenchon. Le débat est vif et déborde vite des rangs socialistes. Face aux arguments des opposants au traité, qui font mouche, le premier secrétaire transforme cette consultation en référendum sur sa personne. Le 4 décembre, le « oui » l’emporte avec près de 59 %. Par discipline de parti, le NPS renonce à faire campagne pour le « non ». Emmanuelli la reprendra quand le « non » passera en tête dans les sondages. Ce n’est pas le cas de Mélenchon, qui va faire campagne pour le « non » avec l’association qu’il a créée un an auparavant, « Pour la république sociale » (PRS). « C’est clairement une rupture avec la tradition la plus évidente du PS », reconnaît-il aujourd’hui [1]. Il fait tribune commune avec Marie-George Buffet, Clémentine Autain, Olivier Besancenot, José Bové et des altermondialistes. Ce faisant, lui et ses amis font l’expérience du « grand large » et de « l’autre gauche », qui va les éloigner définitivement du PS en novembre 2008.

[1] Le Choix de l’insoumission, Jean-Luc Mélenchon, entretien avec Marc Endeweld, Seuil, 380 p., 18 euros.

Monde
Publié dans le dossier
Europe : Des visions convergentes
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Gen Z : l’internationale contestataire
Monde 17 octobre 2025 abonné·es

Gen Z : l’internationale contestataire

Comme en 1968, une jeunesse mondiale se lève à nouveau, connectée, inventive et révoltée. De Rabat à Katmandou, de Lima à Manille, la « Gen Z » exprime sa colère contre la corruption, les inégalités et la destruction de l’environnement.
Par Olivier Doubre
GenZ 212 : la jeunesse marocaine en révolte
Jeunesse 17 octobre 2025 abonné·es

GenZ 212 : la jeunesse marocaine en révolte

Depuis deux semaines, le Maroc est secoué par un mouvement social inédit, porté par la jeunesse qui s’est dénommée « GenZ 212 », révoltée par l’effondrement des services publics. Confrontée à une répression brutale et à une réponse décevante du roi ce vendredi 10 octobre, le mouvement se situe à un tournant.
Par Embarek Foufa
À Madagascar, après la destitution du président, les nouveaux défis de la Gen Z
Analyse 17 octobre 2025

À Madagascar, après la destitution du président, les nouveaux défis de la Gen Z

La destitution du président Andry Rajoelina a été célébrée comme une victoire par le mouvement Gen Z Madagascar ce mardi. Mais un nouveau combat se présente à la jeunesse après la prise de pouvoir par des militaires et le risque de phagocytage de la lutte.
Par Orlando Vinson
« Il est difficile d’imaginer qu’Israël tolère une élection nationale palestinienne »
Entretien 13 octobre 2025 abonné·es

« Il est difficile d’imaginer qu’Israël tolère une élection nationale palestinienne »

Alors que la libération des otages et des prisonniers a commencé à Gaza et en Israël lundi 13 octobre, Laetitia Bucaille, autrice de Gaza, quel avenir (Stock, 2025), décrypte la possibilité d’un débouché politique palestinien.
Par Olivier Doubre et Hugo Boursier