Les professeurs dénoncent le manque de surveillants dans les établissements scolaires

En grève le 16 mars, le personnel du collège Anne-Frank (Seine-et-Marne) mettent en cause les sous-effectifs des assistants d’éducation (AED). Les réponses de la direction sont jugées ambigües et insatisfaisantes.

Malika Butzbach  • 16 mars 2017 abonné·es
Les professeurs dénoncent le manque de surveillants dans les établissements scolaires
© photo : DAMIEN MEYER / AFP

« Non aux sous-effectifs, on n’est pas un sous-lycée ! ». La banderole devant le lycée Suger à Saint-Denis (93) le 12 septembre aurait pu se retrouver devant le collège Anne-Frank à Busy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) ce jeudi 16 mars. Six mois après l’agression d’un surveillant du lycée Suger, qui a mis en lumière le problème des sous-effectif des AED dans les établissements scolaires, les choses n’ont pas beaucoup évolué. Que ce soit à Saint-Denis ou à Mitry-Mory (où le lycée Balzac était en grève la semaine dernière), on compte en moyenne un surveillant pour 200 élèves. C’est aussi le cas au collège Anne-Frank.

Trois surveillants pour 600 élèves

Depuis presque une semaine, le personnel de l’établissement est en grève pour dénoncer ce sous-effectif. « Jeudi et vendredi dernier, la vie scolaire était mobilisée. Comme leurs revendications n’ont pas été écoutées, on a continué ce jeudi 16 mars. Le mouvement a été plutôt bien suivi : environ 75 % des professeurs ont participé », explique une professeure du collège. Alors que deux surveillants sont en arrêt maladie, ceux-ci n’ont pas été remplacés. Ils ne sont donc que trois assistants d’éducation pour surveiller les 600 élèves de l’établissement. Un léger problème lorsqu’il est question de la sécurité et du bien-être de ces collégiens, souligne la vie scolaire.

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Si le rectorat a « ouvert la possibilité de recruter » des postes, il remplace une personne en temps plein par un mi-temps à 50 % et un poste à mi-temps par un 23 %… « Ces contrats sont trop précaires. Résultat ? Zéro candidature », explique l’enseignante.

Pressions sur les professeurs et grève « cassée »

De son côté, la direction du collège a pris position dans cette mobilisation. Sur le tableau de la salle des professeurs, la directrice a laissé un mot affirmant que « Les motifs d’appel à la grève ne se justifient pas ».

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Une remise en cause du droit de grève, juge Sud Éducation 77 qui estime que « toutes les modalités prévues dans le code de l’éducation sont bien remplies ». Le syndicat accuse aussi la direction de casser la grève. Comment ? En faisant appel aux équipes mobiles de sécurité (EMS).

Lancées en 2011 par Luc Chatel, ces équipes, présentes dans chaque académie, ont deux fonctions, sécuritaire et éducative. Leurs missions : améliorer le climat scolaire, gérer les situations de crise et former les personnels. Elles sont composées de personnel encadrant (surveillants, CPE) et des personnes de la sécurité (issues de la police ou de la gendarmerie).

Ma collègue documentaliste m’a dit avoir entendu un homme dire à un élève “Tiens-toi à carreau ou je te fous mon point dans la gueule”. Mais je ne sais pas trop comment les collégiens ont accueilli ces équipes.

« Tiens-toi à carreau ou… »

Un mélange qui donne parfois lieu à des « situations assez folkloriques », estime une professeure d’Anne-Frank.

La situation paraît tout de même paradoxale pour le syndicat Sud : « Alors que, depuis le début, le personnel réclame le remplacement des AED, la direction les remplace effectivement, mais pour casser la grève ! » Les grévistes ont tout de même été entendus : ils seront reçus jeudi 23 mars par le rectorat.

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