Hongrie : Une longue dérive autoritaire
S’éloignant toujours plus des principes démocratiques de l’Union européenne, le gouvernement de Viktor Orbán s’en prend à tous les contre-pouvoirs au sein de la société civile.
dans l’hebdo N° 1450 Acheter ce numéro

Jean-Claude Juncker a un humour bien à lui. Lors d’un sommet européen en 2015, le président de la Commission accueillait le Premier ministre hongrois, le souverainiste autoritaire Viktor Orbán, par ce bon mot : « Salut, dictateur ! » Les démocrates hongrois, eux, rient moins. En particulier ces derniers mois, alors que la Hongrie multiplie les mesures contraires aux règles d’un État de droit.
En dépit d’une solide majorité au Parlement, Viktor Orbán doit faire face à une forte mobilisation populaire, en particulier contre deux de ses décisions. La première, élaborée sur le modèle d’une loi russe édictée par Vladimir Poutine, devrait être adoptée sous peu par le Parlement et vise à museler les ONG de défense des droits de l’homme, de l’environnement ou de lutte contre la corruption, au prétexte qu’elles seraient subventionnées par des fonds « de l’étranger ». L’autre mesure, qui a été le premier moteur de la contestation, est une loi sur l’enseignement supérieur promulguée le 11 avril, visant directement l’Université d’Europe centrale (CEU), fondée par le milliardaire américain d’origine hongroise Georges Soros (bête noire de Viktor