Syndicalisme : Victoire trompeuse pour la CFDT

Le paysage syndical vient de connaître quelques secousses, à quelques jours du lancement officiel de la campagne présidentielle.

Erwan Manac'h  • 5 avril 2017 abonné·es
Syndicalisme : Victoire trompeuse pour la CFDT
© photo : THOMAS SAMSON/AFP

Le paysage syndical vient de connaître quelques secousses, à quelques jours du lancement officiel de la campagne présidentielle.

Acte 1, mardi 28 mars : patronat et syndicats de salariés (à l’exception de la CGT) signent un accord sur l’assurance chômage (Unédic). Après l’échec des discussions l’an dernier, ils s’entendent notamment sur un recul de 50 à 55 ans de l’âge ouvrant des droits plus longs au chômage (trois ans d’indemnisation, contre deux habituellement).

Le Medef concède une légère augmentation temporaire des cotisations patronales, en échange d’une suppression des taxes sur les contrats courts. Tout cela pour démontrer que les partenaires sociaux sont capables de « redresser » les comptes de l’Unédic et ainsi de « sauver le paritarisme » – qui confère la gestion de la caisse chômage aux syndicats. Ce principe est en effet attaqué frontalement par Emmanuel Macron, qui aimerait que l’État reprenne en main la gestion de l’Unédic.

À lire aussi >> En marche vers l’individualisation

Acte 2, le 31 mars : la CFDT est officiellement intronisée première force syndicale dans le privé, à la faveur d’un léger recul de la CGT (–1,9 point à 24,8 % des suffrages aux élections professionnelles). Cette dernière reste devant dans les très petites entreprises (TPE) comme dans la fonction publique, et demeure la première force syndicale du pays. Ce résultat est donc avant tout symbolique, mais pas uniquement : il détermine la « représentativité » des syndicats, qui sert notamment à la nomination des conseillers ­prud’homaux. Les calculs du ministère donnent la CFDT à 30,3 % à l’échelle nationale. Un cheveu au-dessus de la barre des 30 % lui permettant de signer, seule, un accord national interprofessionnel (ANI) si des négociations venaient à s’ouvrir, comme en 2013. Par ailleurs, la CGT représente 28,6 %, FO 17,9 %, la CFE-CGC 12,3 % et la CFTC 10,9 %.

Acte 3 : le même jour, le premier référendum d’entreprise a entraîné le rejet d’un accord d’entreprise à une large majorité au Réseau de transport de l’électricité (RTE). La CFDT et la CFE-CGC (34 % des salariés de l’entreprise) avaient convoqué ce vote électronique pour outrepasser l’opposition de la CGT majoritaire, comme c’est désormais possible en vertu de la loi El Khomri. Le résultat est un camouflet pour la CFDT : l’accord est rejeté par 70,8 % des suffrages, avec une participation de 76 %. Il prévoyait la « flexibilisation » du travail des techniciens le soir et le week-end. On note au passage que les cadres de l’entreprise et les salariés des bureaux, qui représentent 44 % de l’effectif total et n’étaient pas concernés par l’accord d’entreprise, étaient consultés au même titre que leurs collègues techniciens.

Travail
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

À Marseille, de très sales conditions de travail 
Reportage 17 avril 2024 abonné·es

À Marseille, de très sales conditions de travail 

Des agents de blanchisserie hospitalière, salariés de Pamar, sont en grève. Victimes de situations indignes et même de menaces de mort, ils portent plainte contre l’agence régionale de santé pour inaction.
Par Timothée Vinchon
Réforme de l’assurance-chômage : « Ça va détruire nos vies »
Témoignages 10 avril 2024 abonné·es

Réforme de l’assurance-chômage : « Ça va détruire nos vies »

Emplois précaires, discrimination par l’âge, baisse des droits et future suppression de l’allocation de solidarité spécifique : des chômeurs racontent à Politis l’angoisse et la galère de la recherche d’emploi, que les réformes des quinquennats Macron n’ont fait qu’empirer.  
Par Léna Coulon
Pour la CFDT, une nouvelle réforme de l’assurance-chômage relève de « la politique fiction » 
Syndicats 4 avril 2024 abonné·es

Pour la CFDT, une nouvelle réforme de l’assurance-chômage relève de « la politique fiction » 

Après l’annonce gouvernementale d’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, les syndicats sont dans l’attente. Si certains préparent déjà une éventuelle mobilisation, d’autres espèrent encore voir le gouvernement faire marche arrière.
Par Pierre Jequier-Zalc
Charbon français, l’enfer sous terre
Reportage 3 avril 2024 abonné·es

Charbon français, l’enfer sous terre

Depuis 1984, le Centre historique minier de Lewarde retrace la longue histoire d’un bassin industriel – celui du nord de la France – et d’une part majeure de la classe ouvrière, à l’heure où l’aventure minière semble devoir reprendre, avec les recherches de métaux nécessaires aux batteries électriques. 
Par Olivier Doubre