Au PCF, le credo du rassemblement

Après l’échec des négociations entre les communistes et la France insoumise, le parti de Pierre Laurent a lancé jeudi soir au gymnase Japy (Paris) sa campagne législative. Avec toujours la même volonté : l’union des gauches face à l’urgence politique.

Maïa Courtois  • 12 mai 2017
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Au PCF, le credo du rassemblement
© Photo : Denis Meyer / Hans Lucas

Le visage souriant d’Emmanuel Macron apparaît sur les écrans, au milieu du direct vidéo d’André Chassaigne, député communiste. Comme une image subliminale, qui provoque les sifflets des militants venus assister au lancement de la campagne législative du Parti communiste. Le gymnase Japy, dans le XIe arrondissement de Paris, se remplit vite. Les chaises viennent à manquer. « Pas grave, ici, il n’y a pas de propriétaire de chaises : on partage tout ! », s’amuse un petit homme à lunettes qui cède sa place à une femme plus âgée que lui.

Les militants « PCF-Front de gauche » s’essaient à la bonne humeur, pour combler le goût amer que la victoire d’Emmanuel Macron a laissé. Ils sont des centaines à discuter calmement par petits groupes, parfois sans prêter attention aux interlocuteurs qui prennent la parole avec un micro réglé à faible volume. Pierre Laurent semble lui aussi un peu fatigué. Il bute par moments au milieu de ses phrases, mais assure devant son public que le PCF « garde l’esprit combatif ».

Il s’agit de remobiliser les troupes, à un mois du premier tour des législatives. « Emmanuel Macron a gagné une élection, mais pas une majorité politique », insiste le secrétaire national du Parti communiste. Il moque le « faux renouvellement » à la sauce Macron, et veut constituer une force d’opposition suffisante pour faire blocage à ses projets d’ordonnances pendant l’été, qualifiées de « coups durs… faits en douce ».

« Aller ensemble à la bataille »

Problème : les forces de gauche ne sont pas parvenues à se mettre d’accord. Après six rencontres entre le PCF et la France insoumise, les négociations ont abouti à une impasse. Et tous les orateurs le déplorent plus ou moins vivement. « L’esprit de clan s’est emparé de la gauche », s’emporte à la tribune Patrice Bessac, maire communiste de Montreuil. Un militant marmonne : « Jean-Luc Mélenchon envoie la gauche radicale au casse-pipe, c’est incroyable. » Ce sexagénaire garde toutefois espoir dans les accords qui se dessinent à l’échelle locale.

Pour les dirigeants du Parti communiste, la France insoumise, avec ses 7 millions d’électeurs, leur est redevable. Patrice Bessac estime que les communistes sont « coauteurs de cette très belle campagne ». Il dit avoir « attendu de Jean-Luc Mélenchon » (timides huées) « qu’il prenne son téléphone, et qu’il appelle Benoît Hamon, Pierre Laurent, les écologistes ! » (applaudissements fournis). Pierre Laurent répète que le blocage est unilatéral : « La possibilité d’un accord national a buté sur le fait que le seul cadre qu’on nous proposait, c’était celui de la France insoumise. Or pour une union qui respecte nos différences, il faut un accord qui déborde les frontières de la France insoumise. »

Caroline De Haas exprime ses regrets à la tribune: « La gauche , quand elle est divisée, elle perd. » La militante féministe avance l’exemple du XVIIIe arrondissement de Paris, où elle sera la candidate des écologistes et des communistes, mais pas des Insoumis. Pierre Laurent veut croire que « le commun entre [les forces de gauche] domine devant l’urgence de la situation politique ». Il assure rester « disponible » pour un accord national. Sa voix s’élève : « Il est inconcevable de ne pas aller ensemble à la bataille. »

451 candidats communistes

Car il y a selon lui beaucoup à perdre dans la désunion, entre les projets à venir de la présidence Macron, et la menace du Front national toujours intacte. « Le Front national a été battu, il n’a pas été vaincu », met-il en garde. Marine Le Pen a fait plus de 45 % dans une centaine de circonscriptions au second tour de la présidentielle. Aussi, pour les législatives, Pierre Laurent somme les forces de gauche d’y « constituer des candidats du rassemblement, pour une gauche efficace contre l’extrême droite ».

Les mots sont martelés : « rassemblement », « commun », « union ». Pourtant, la chanson sonne un peu faux. Le PCF a pour le moment investi 451 candidats, et soutiendra dans au moins 32 circonscriptions des candidatures non issues du PCF-Front de gauche. « Nous soutenons François Ruffin, Caroline De Haas, Clémentine Autain », énumère ainsi Pierre Laurent. Des noms qui ne sont pas choisis au hasard. François Ruffin était annoncé à la tribune, mais un souci de calendrier l’a empêché de venir. Il n’a « aucun problème avec le Parti communiste » et, nous assure son équipe de campagne, cette indisponibilité n’a rien à voir avec l’annonce qu’un communiste sera le suppléant de la ministre PS Pascale Boistard… contre laquelle il est en campagne dans la première circonscription de la Somme.

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