Photographes et dessinateurs dans le même wagon précaire

Jean-Claude Renard  • 11 mai 2017
Partager :
Photographes et dessinateurs dans le même wagon précaire
© photo : Simon Guillemin / Hans Lucas

Voilà un décret signé in extremis. Paru au Journal officiel dimanche 7 mai, il fixe la rémunération minimum des photographes et dessinateurs pigistes. Prix de la pige : 60 euros, « pour un temps minimum d’exécution » de cinq heures ! De quoi précariser un peu plus les deux professions.

« Un tel salaire ne permettra pas aux photographes rémunérés à la pige de vivre décemment, s’insurge le Syndicat national des journalistes (SNJ) dans un communiqué. _Il ne leur permettra pas non plus de renouveler leur matériel. » Surtout, s’interroge le syndicat, constatant déjà une baisse du nombre de photoreporters pigistes (1 458 en 2000, seulement 761 en 2015), l’objectif de l’État serait-il « de parvenir à une extinction complète de ces témoins historiques de notre quotidien ? »

Ce décret était attendu depuis 2011 : ce sont donc « six années pour aboutir à un texte de régression !, poursuit le SNJ. La parution du barème fait entrer les œuvres des photographes et dessinateurs pigistes dans le champ des accords collectifs sur les droits d’auteur : les repasses, fréquemment payées demi-tarif aujourd’hui en application d’un usage ancien, pourraient demain n’être rémunérées qu’une poignées d’euros. Une nouvelle baisse de revenu en perspective pour les photographes ! »

Le SNJ déplore que le gouvernement ait cédé aux organisations patronales, « qui non seulement avaient refusé la négociation d’un barème dans leurs branches respectives, mais ont osé prétendre qu’un tel barème allait les étrangler ». Le syndicat appelle de fait « la profession à se mobiliser pour obtenir, dans toutes les formes de presse, des barèmes de piges dignes de ce nom ».

Médias Travail
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Pour en finir avec la centralité du travail
Travail 6 novembre 2025

Pour en finir avec la centralité du travail

Alors que le travail génère souvent de l’insatisfaction, en prise à des conditions toujours plus précaires, il reste présenté comme une valeur indépassable dans nos vies. Une centralité qui semble anachronique avec la catastrophe écologique, selon l’économiste Alain Coulombel.
Par Alain Coulombel
1995, l’année où le syndicalisme s’est réinventé
Syndicats 5 novembre 2025

1995, l’année où le syndicalisme s’est réinventé

Dans un contexte de fin des utopies politiques et de tournant social-libéral, le mouvement de 1995 catalyse une recomposition syndicale profonde. L’unité d’action, l’émergence de nouvelles organisations et le rôle central des assemblées générales en font le point de départ d’un renouveau syndical toujours inachevé.
Par Benoît Teste
Les grèves de 1995 en images
Portfolio 5 novembre 2025 abonné·es

Les grèves de 1995 en images

Retour en photo sur le mouvement social de 1995, où solidarité, ferveur et débrouille sont allés de pair.
Par Politis
Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »
Entretien 5 novembre 2025 abonné·es

Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »

Des millions de personnes dans les rues, un pays bloqué pendant plusieurs semaines, par des grèves massives et reconductibles : 1995 a été historique par plusieurs aspects. Trente ans après, la politiste et spécialiste du syndicalisme retrace ce qui a permis cette mobilisation et ses conséquences.
Par Pierre Jequier-Zalc