Maroc : La contestation au cœur de Rabat

La solidarité avec le mouvement social en cours dans la province du Rif prend de l’ampleur.

Politis  • 13 juin 2017
Partager :
Maroc : La contestation au cœur de Rabat
© photo : CITIZENSIDE / Soufyane Fares / Citizenside

Aux cris de « Tous Al Hoceïma ! », « Libérez les prisonniers ! », près de 50 000 personnes ont défilé dans le centre de la capitale marocaine le dimanche 11 juin. Une « Marche pour la dignité » en soutien au « Hirak », le mouvement de contestation qui agite depuis sept mois la province montagneuse du Rif, au nord du Maroc. Depuis la mort d’un vendeur de poisson, broyé par une benne à ordure en octobre dernier, pas une nuit ne se déroule dans les villes rifaines Al Hoceïma et Imzouren sans manifestations contre le roi Mohammed VI, au nom de la justice sociale.

À lire aussi >> Al Hoceïma : Une nouvelle nuit de manifestations

Les manifestants de Rabat ont exigé la libération des 86 personnes (selon les chiffres officiels) emprisonnées lors de la vague d’arrestations opérées ces deux dernières semaines, et symboles du tournant répressif de l’exécutif. Les familles des détenus, dont le père du leader de la contestation populaire, Nasser Zefzafi, ont pris un temps la tête du cortège. Parmi les organisateurs de la marche, diverses forces d’opposition : les islamistes d’Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), des leaders de la gauche radicale, les militants de la cause berbère, et autres activistes du Printemps arabe marocain…

Cette manifestation solidaire du « Hirak » est la première d’une telle ampleur à avoir lieu à l’extérieur du Rif. La presse locale y a vu une résurgence de la marche du 20 février 2011, dont des slogans comme « Non à l’absolutisme » et « Non à la corruption » ont été repris. Les organisateurs assurent que « cette marche n’est que le début d’un front pour la défense de la liberté, de la dignité et de la justice sociale ». Le mouvement compte sur la venue en renfort, cet été, des Rifains de la diaspora.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier