Rwanda : ouvrir les archives, toutes les archives !

La revue XXI et Le Monde révèlent des témoignages affirmant que les autorités françaises auraient réarmé les génocidaires rwandais pendant leur fuite.

Denis Sieffert  • 30 juin 2017
Partager :
Rwanda : ouvrir les archives, toutes les archives !
© photo : Milice hutu au Rwanda, juin 1994. ALEXANDER JOE / AFP

Les autorités françaises ont-elles sciemment réarmé les responsables du génocide rwandais alors que ceux-ci fuyaient vers le Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) ? La revue XXI l’affirme dans son numéro du 28 juin en s’appuyant sur le témoignage anonyme d’un haut fonctionnaire qui a pu consulter des archives déclassifiées en avril 2015 sur décision de François Hollande. Le témoignage est corroboré par un ancien officier cité par Le Monde.

Celui-ci, Guillaume Ancel, présent au Rwanda dans le cadre de l’opération « Turquoise », affirme avoir vu « la réalisation d’une de ces livraisons dans la deuxième quinzaine de juillet (1994) ». Il se souvient : « Alors que je revenais d’une mission d’exfiltration qui s’était mal passée, le commandant adjoint de “Turquoise” sur la base de Cyangugu m’a demandé de retenir l’attention de journalistes pour laisser passer un convoi d’armes vers le Zaïre. » 

« Il y avait une dizaine de camions chargés de containers, poursuit l’ancien militaire. Le soir, lors du debriefing, on m’a expliqué que nous livrions des armes pour que les génocidaires ne se retournent pas contre nous. J’étais effaré que nous fassions cela alors que nous les avions en partie désarmés et que nous savions qu’ils avaient du sang jusqu’au cou. » Selon la revue XXI, l’ordre de réarmement a provoqué l’indignation des officiers français, certains demandant à pouvoir exercer leur droit de retrait. La directive aurait finalement été confirmée et signée par Hubert Védrine, alors secrétaire général de l’Élysée. Cette livraison serait intervenue en violation de l’embargo sur les armes décrété par l’Onu.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)
Analyse 6 juin 2025

Des deux côtés de l’Atlantique, la social-démocratie n’est jamais finie (mais c’est pas jojo)

Les gauches sont bien à la peine à l’échelle mondiale. Trop radicales, elles perdent. Les moins radicales sont diabolisées. Toutes sont emportées dans un même mouvement. Pourtant, dans un monde où les vents de l’extrême droite soufflent fort, la social-démocratie n’a pas encore perdu la partie.
Par Loïc Le Clerc
Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza
Récit 4 juin 2025 abonné·es

Avoir moins de 20 ans dans la bande de Gaza

Plus de 50 000 personnes au sein du territoire enclavé ont été tuées ou blessées par l’armée israélienne depuis le 7-Octobre. Mais le sort des survivants doit aussi alerter. Privée d’éducation, piégée dans un siège total au cœur d’une terre dévastée, toute la jeunesse grandit sans protection, sans espoir.
Par Céline Martelet
À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »
Entretien 4 juin 2025 abonné·es

À Gaza, « les enfants sont en train d’être exterminés »

Khaled Benboutrif est médecin, il est parti volontairement à Gaza avec l’ONG PalMed. La dernière fois qu’il a voulu s’y rendre, en avril 2025, Israël lui a interdit d’entrer.
Par Pauline Migevant
En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza
Témoignages 4 juin 2025 abonné·es

En France, la nouvelle vie des enfants de Gaza

Depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, les autorités françaises ont accueilli près de cinq cents Gazaouis. Une centaine d’autres ont réussi à obtenir des visas depuis l’Égypte. Parmi ces réfugiés, une majorité d’enfants grandit dans la région d’Angers, loin des bombardements aveugles de l’armée israélienne.
Par Céline Martelet