Une « insoumission » plurielle à l’Assemblée

Les dix-neuf députés de la France insoumise témoignent d’une diversité plus grande qu’il n’y paraît.

Pauline Graulle  • 21 juin 2017 abonné·es
Une « insoumission » plurielle à l’Assemblée
© photo : FRANCOIS LO PRESTI/AFP

Dix-neuf « insoumis » à l’Assemblée nationale. C’est peu pour représenter les 7 millions d’électeurs qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. C’est beaucoup pour qui se souvient de ce qu’était la France insoumise il y a un peu plus d’un an : un mouvement balbutiant, fondé par un petit noyau d’anciens du Parti de gauche, et accusé, dès l’origine, de n’avoir été taillé que pour un seul homme.

Avec ces législatives, une page se tourne : la France insoumise a désormais plusieurs visages. Le plus souvent inconnus du grand public. Sur les 74 « insoumis » qui avaient passé le premier tour, plusieurs soutiens importants, et parmi les plus médiatiques, de Mélenchon ont en effet échoué, souvent de très peu, à se qualifier dimanche.

À quoi ressemble-t-elle cette « nouvelle gauche » d’opposition qui prendra place, la semaine prochaine, dans l’hémicycle du Palais Bourbon ? Elle sera jeune – Mathilde Panot (lire ici), Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis n’ont pas 30 ans – et forcément… bruyante. Côté « grandes gueules », on trouve évidemment Jean-Luc Mélenchon, largement élu (60 %) à Marseille, qui devrait prendre la présidence du groupe, épaulé par ses lieutenants de toujours, Alexis Corbière, Éric Coquerel et Bastien Lachaud. Il y a aussi François Ruffin, qui s’impose comme la vraie révélation de ces législatives. Élu à la surprise générale avec près de 56 % des voix dans la Somme, le réalisateur césarisé de Merci patron ! compte plusieurs exploits à son actif : devancer au premier tour le Front national sur une circonscription tentée par le chant « mariniste », et faire l’union de la gauche locale. Électron libre, entré il y a peu en politique, le journaliste de Fakir a déjà annoncé que la « discipline de groupe » n’était pas son truc.

C’est qu’en dépit de la surreprésentation d’encartés (ou ex-encartés) au Parti de gauche, le groupe de la FI est plus pluriel qu’il n’y paraît. Danièle Obono est une ancienne du NPA, Clémentine Autain est porte-parole d’Ensemble ! (la plus petite formation de l’ex-Front de gauche dont est aussi issue la députée Caroline Fiat). On compte aussi un communiste « refondateur », Stéphane Peu (lire ici), qui porte la bannière insoumise. Après la défaite de Sergio Coronado, il ne reste en revanche plus d’encartés EELV chez les députés insoumis, mais Michel Larive, soutenu par les Verts aux dernières cantonales, et Loïc Prud’homme, technicien à l’Inra, sont des militants écologistes convaincus.

La diversité sociale est également davantage présente chez les députés FI. L’Assemblée voit ainsi arriver, pour la première fois, une aide-soignante, Caroline Fiat, mais aussi des journalistes, des profs, une anthropologue… Député du Nord, Adrien Quatennens s’est engagé en politique quand il était étudiant, au moment de la lutte contre le CPE. Dès le lendemain de son élection, lundi, il était dans la rue pour la manifestation du « Front social », aux côtés de la CGT, de SUD et d’associations pour le droit au logement. Un mandat qui démarre sur les chapeaux de roues.

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