À Calais, Human Rights Watch alerte sur le traitement des réfugiés par la police

Dans un rapport, l’organisation non gouvernementale new-yorkaise dénonce les abus de pouvoir de la part de la police contre les demandeurs d’asile et les humanitaires.

Malika Butzbach  • 26 juillet 2017
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À Calais, Human Rights Watch alerte sur le traitement des réfugiés par la police
© photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’est comme vivre en enfer. » Les mots de Kuma N., 16 ans, font froid dans le dos. Sans doute est-ce pour cela qu’ils ont été choisis comme titre pour le dernier rapport d’Human Rights Watch, rendu public ce mercredi 25 juillet. De manière méthodique, l’organisation non gouvernementale a retranscrit les récits et témoignages de 61demandeurs d’asile et migrants. Neuf mois après le démantèlement de la « jungle », les associations estiment à entre 400 et 500 le nombre de réfugiés vivant dans les environs de la ville de Calais. Le 14 juin, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, dénonçait des « conditions de vie inhumaines ».

Blessures liées à l’usage du gaz poivre

« Il y a deux jours, je marchais sur la route. Des policiers sont passés et ont utilisé leurs sprays. C’était le soir, peu après 20 heures, ils sont passés près du point de distribution dans leurs voitures. Ils ont ouvert la fenêtre et m’ont aspergée », raconte Layla, une jeune femme de 18 ans. Son récit fait écho à ceux d’Abel G., Biniam T. et tant d’autres. Les organisations humanitaires disent constater, régulièrement, des blessures liées à l’usage du gaz poivre, comme des brûlures et des abrasions des yeux. « C’est normal pour nous. Ça fait partie de notre vie », lance Biniam T.

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Les travailleurs humanitaires sont eux aussi pris pour cibles, régulièrement soumis à des contrôles de documents. Ils font notamment état de distributions d’eau et de nourriture empêchées. Pourtant, le 22 mars, le tribunal de Lille a suspendu les arrêtés municipaux interdisant ces distributions. « En réponse à cette décision de justice, les autorités locales ont commencé à autoriser les distributions de repas, mais en limitant leur durée à une heure, après quoi, selon des travailleurs humanitaires, les policiers mettaient parfois fin de manière agressive à la distribution », décrit le rapport.

Repenser la France comme « terre d’accueil »

Alors que le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, affirmait en juin que les policiers travaillaient à Calais « avec beaucoup d’humanité », ces témoignages « suggèrent fortement que les CRS et d’autres corps de police ne respectent pas ces normes internationales et nationales », estime HRW.

À lire aussi >> Calais : une politique migratoire schizophrène

Les autorités ont contesté ces accusations : « Ce sont des allégations, des déclarations de personnes, qui ne sont pas basées sur les faits », a déclaré le sous-préfet de Calais, Vincent Berton. Ce rapport, ayant pour but d’interpeller les pouvoirs publics, fait du bruit alors que près de 260 associations et collectifs de solidarité lancent l’organisation d’une conférence nationale citoyenne sur l’accueil et les droits des personnes migrantes en France. En réponse au « Plan migrants » annoncé par Gérard Collomb, cette réunion a pour objectif premier de repenser la France comme « une terre d’accueil ».

Société
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