EELV avec Hamon… entre autres

Le regard tourné vers leurs propres échéances, les écologistes ne privilégient pas l’initiative du socialiste pour organiser leur avenir.

Patrick Piro  • 5 juillet 2017 abonné·es
EELV avec Hamon… entre autres
© photo : JACQUES DEMARTHON/AFP

C’est la fin d’un cycle, nous sommes à la croisée des chemins », expose Julien Bayou, l’un des porte-parole d’EELV. Le parti écologiste a certes recueilli à peu près autant de voix le 11 juin dernier que lors des législatives de 2012, mais cette résilience n’a guère de quoi le consoler, privé de députés alors qu’il en a compté jusqu’à 17 dans la mandature précédente, grâce à une alliance avec les socialistes qui appartient désormais à une autre époque.

Alors que le mouvement est au plus mal, l’initiative de Benoît Hamon ne recueille donc qu’une attention polie des écologistes, taraudés par une préoccupation supérieure : comment exister encore ? Yannick Jadot en appelle à la construction d’une « nouvelle maison commune ». Mais selon lui, en dépit d’un discours « proche de celui des écologistes par certains aspects », le Mouvement du 1er juillet « ne la préfigure pas encore ». Il faudrait, selon lui, un rassemblement beaucoup large, rejouer en quelque sorte le coup d’Europe Écologie en 2009. Il n’est pas loin de publier l’acte de décès d’EELV, « qui ne peut plus être le bon réceptacle », car incapable de rallier ces militants désormais convaincus par la centralité de l’écologie (Insoumis, Marcheurs, etc.) « mais qui ne se disent pas “écolos” ». Un dépassement qui supposerait de tout remettre à plat : orientation, stratégie, projet. C’est aussi l’analyse de Julien Bayou, qui veut cependant croire que l’écologie politique « a besoin d’un véhicule distinct pour la porter. Avec ou sans les hamonistes ».

Que Benoît Hamon ait désormais officiellement rompu avec le PS ne devrait pas changer grand-chose pour l’aile gauche d’EELV, qui récuse toute perspective de ralliement à son mouvement. Pas tant en raison de son positionnement (très écolo-compatible) que parce que cela reviendrait à valider de nouveau la stratégie d’alliance qui s’est soldée par les 6,3 % d’Hamon à la présidentielle et « zéro député pour tous », rappellent Élise Lowy et ses amis, qui mènent l’opposition à la direction d’EELV.

Ces frondeurs réclament ni plus ni moins un changement de direction à la tête du parti ainsi qu’un congrès extraordinaire pour l’automne. En matière de dépassement politique, Élise Lowy brandit comme un modèle l’arc large (gauche, écologie, associations) qui a porté François Ruffin à l’Assemblée nationale. « Si nous ne sommes pas entendus, nous partirons. » Et les préparatifs sont en cours : un nouveau mouvement, dénommé « Écolo », est en cours de constitution, qui se proposerait de mener un travail de reconstruction avec cette frange gauche dont ils se sentent proches – Ensemble !, voire la France insoumise.

Politique
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